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Le Monde
« Pourquoi nous créons la Vigie de la laïcité, un organisme indépendant et citoyen »
Article mis en ligne le 11 juin 2021

Jugeant que les relectures de la loi de 1905 menacent le consensus nécessaire autour de la laïcité, treize personnalités, dont Jean Baubérot, Jean-Louis Bianco et Valentine Zuber, annoncent, dans une tribune au « Monde », la création d’un organisme destiné à apporter « une expertise fondée sur la raison, la connaissance et le débat critique ».

De nos jours, la laïcité est souvent manipulée, comme si elle devait − et pouvait à elle seule − résoudre tous les problèmes de la société. Elle est alors une ressource utilisée pour mener des combats idéologiques et politiques, elle divise… au lieu de rassembler. Sous la IIIe République, Ferdinand Buisson, un grand serviteur de l’Etat républicain, en a donné, en 1883, sa première définition : « L’Etat neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique », cela afin d’assurer « l’égalité de tous les citoyens devant la loi », sans tenir compte de leurs croyances et pour garantir « la liberté de tous les cultes ».

Cette définition implique que le pouvoir politique ne se fonde sur aucune transcendance religieuse ou idéologique et que la puissance publique ne peut ni ne doit imposer un régime particulier de vérité. Elle doit, au contraire, adopter une posture d’arbitre qui, en exerçant sa neutralité active, assure la préservation de la liberté de conscience individuelle et la liberté de religion et de conviction collective. L’autonomie de la loi civile à l’égard des normes religieuses en découle nécessairement, autorisant une liberté égale accordée aux religions et convictions et permettant que leur confrontation se fasse dans le respect mutuel garanti par l’ordre public démocratique. Ainsi, la laïcité présente deux pôles en étroite interaction : la neutralité au niveau de l’Etat, la liberté de conscience et d’expression à celui de l’espace public et de la société civile.

Les lois laïques de la IIIe République se situent dans cette logique. (...)

La loi de 1905, séparant les Eglises et l’Etat, a déclaré que la République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes (art. 1er). Elle a aussi énoncé la suppression de tout caractère officiel des religions (art. 2). De nombreux autres articles concrétisent cette double affirmation.
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La mise en pratique des principes laïques ne s’est pas réalisée sans conflits internes au sein du camp républicain. Certains souhaitaient, en particulier, l’adoption de mesures qui auraient limité la liberté de conscience au profit des Eglises ; d’autres, au contraire, voulaient privilégier celles qui auraient constitué des atteintes au libre exercice des cultes. Ni les unes ni les autres n’ont été retenues par le législateur de 1905. (...)

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Cet organisme a vocation à « répondre aux demandes du grand public » en proposant des « outils de réflexion » sur le « droit existant, la recherche et les expériences de terrain », a-til indiqué Jean-Louis Bianco. Il a précisé qu’il serait candidat à la présidence de cette « Vigie », lors d’un conseil d’administration, prévu le 19 juin, destiné à adopter ses statuts (association loi 1901).

“La laïcité est souvent manipulée”

Outre l’ex ministre socialiste Bianco, y figurent Nicolas Cadène, ex-rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité - une structure qui vient d’être dissoute par le gouvernement -, les historiens Jean Baubérot, Jean-Marc Schiappa et Valentine Zuber, les sociologues Michel Wieviorka et Philippe Portier, la juriste Stéphanie Hennette-Vauchez, ou encore l’anthropologue et spécialiste du fait religieux Dounia Bouzar.

« De nos jours, la laïcité est souvent manipulée, comme si elle devait (...) résoudre tous les problèmes de la société. Elle est alors une ressource utilisée pour mener des combats idéologiques et politiques, elle divise... au lieu de rassembler », constatent les responsables de la Vigie.

« Il nous semble important de rappeler la teneur démocratique de ce projet républicain, d’exercer une veille active et de donner des informations fiables », écrivent-ils encore. (...)

La Vigie entend également proposer des formations, a indiqué Jean-Louis Bianco qui assure avoir déjà des demandes. « On ne règle aucun compte. Ce n’est pas un Observatoire (de la laïcité) bis », a-t-il assuré.

le site Vigie de la Laïcité