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l’Humanité
Présidentielle. L’argent maîtrisé au service du progrès humain
Article mis en ligne le 23 février 2017

Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise soutenu par le PCF, a présenté dimanche le chiffrage d’un programme qui fait la part belle à l’investissement public.

Dès la première page, l’austérité imposée par François Hollande de 2012 à 2017 en prend un coup, avec l’annonce d’une hausse de la dépense publique de 173 milliards d’euros couplée à un plan d’investissement de 100 milliards d’euros sur cinq ans. « Nous voulons injecter une masse suffisante pour relancer la machine dans des conditions écologiquement responsables. Nous voulons provoquer un choc d’activité », explique Jean-Luc Mélenchon. Selon une vision très keynésienne, cela permettra de créer de la richesse, et de l’emploi. Le Fonds monétaire international lui-même considère aujourd’hui que 1 euro d’argent public investi dans l’économie réelle rapporte 2 à 3 euros au niveau de l’activité et des recettes publiques. La France insoumise, elle, table sur « l’hypothèse prudente » d’un multiplicateur de 1,4. « Les recettes publiques, à terme, augmenteront de 4,6 points de PIB, soit 190 milliards d’euros », précise-t-elle. En cinq ans, la création d’au moins 3 millions d’emplois permettra de faire baisser le chômage de 9,7 à 6,2 % (deux millions d’emplois sont attendus dans le secteur marchand, 420 000 dans le public, 440 000 en emplois aidés et enfin 820 000 en contrats coopératifs, l’État étant ici employeur en dernier ressort). (...)

1. La réforme fiscale au coeur du projet

Les dépenses seraient compensées par 190 milliards de recettes nouvelles, dont 33 milliards issus de nouveaux « prélèvements obligatoires », qui passeront de 45 % actuellement à 49,1 %. L’orientation vise à mettre davantage à contribution les plus riches. (...)

Parmi les mesures phares, figurent la progressivité accrue de l’impôt sur le revenu avec la mise en place de 14 tranches (contre 5 aujourd’hui), ou encore l’instauration d’un « revenu maximum autorisé » avec « 100 % d’impôt pour la tranche au-dessus de 20 fois le revenu médian ». À ces recettes s’ajoutent 30 milliards que rapporterait la lutte contre l’évasion fiscale (via notamment « l’impôt universel »). Les entreprises seraient également concernées par une nouvelle fiscalité. À commencer par une baisse de 8 points de l’impôt sur les sociétés (IS), de 33 à 25 %. L’objectif ? Que les grandes entreprises paient davantage, quand les PME et les TPE paieraient moins. L’imposition des « revenus du capital » est prévue à la même hauteur que ceux du travail par une « assiette large et unifiée ». (...)

2. Lutter contre la pauvreté, redistribuer les richesses

Pour l’économiste Guillaume Etiévant, il s’agit d’un nouvel « arbitrage ». L’ambition affichée par la France insoumise : « l’augmentation générale des salaires ». Deux possibilités pour y arriver, a détaillé l’économiste : pour le privé, augmenter le Smic. Cela concerne « entre 3 et 4 millions de salariés » et amènerait le Smic à 1700 euros brut, 1326 euros net, soit « 173 euros de plus par mois ». La mesure coûterait 7 milliards d’euros annuels, mais la France insoumise estime que « 85 % » de cet argent retournerait « dans l’économie réelle » par la consommation. Pour le public, l’amélioration passerait par la revalorisation du point d’indice, de 6,7 %. Cette mesure est chiffrée à 14 milliards d’euros, compensés selon les mêmes effets sur la consommation. Ces points du programme appellent à réunir une « conférence nationale sur les salaires », envisage Jean-Luc Mélenchon, pour renégocier les grilles salariales avec les organisations syndicales et patronales, branche par branche.

La redistribution des richesses doit aussi être mise en place dans l’entreprise. (...)

Lutter contre la pauvreté participe de cette redistribution. Avec la création de 38 000 places en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (évaluée à 700 millions d’euros), et la construction de 200 000 logements par an (18 milliards d’euros), ce sont vers les 4 millions de Français mal logés que la France insoumise se tourne. Mais au-delà, 14 millions de nos compatriotes « fragilisés par la crise du logement », seront bénéficiaires d’une « baisse de 100 uros par mois », estime-t-on à FI, grâce à la « gratuité de l’eau et des énergies vitales », à celle « de la cantine et des transports scolaires », aux soins « 100 % remboursés (mutuelles intégrées à la Sécu) » et de la « baisse de la TVA sur les produits de première nécessité ».

La jeunesse, en première ligne face à la précarité, n’est pas oubliée. L’extension du RSA aux jeunes adultes et son automaticité coûteront 20 milliards d’euros (...)

3. Une ambition nouvelle pour les services publics

Les ambitions pour la jeunesse passent évidemment par l’éducation, premier des services publics auxquels sont confrontés les Français. Paul Vannier, enseignant qui a rédigé le cahier Éducation de la France insoumise détaille la « scolarité obligatoire de 3 à 18 ans » pour une « augmentation du niveau de qualification » des Français. La mesure coûterait 2 milliards d’euros, mais concernerait 350 000 élèves. Les familles ne seraient pas sollicitées : l’État assurerait (pour 5,2 milliards d’euros) la gratuité totale. Les conditions d’enseignement, en revanche, seraient améliorées, par un plan de 3,1 milliards d’euros : embauche de 60 000 enseignants en cinq ans et réduction du nombre d’élèves par classe, remise en place des Rased, renforcement des dispositifs « plus de maîtres que de classes », mais aussi « revalorisation de la carrière enseignante ». Le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche aussi serait revalorisé de 4,6 milliards d’euros.

Et parce que les services publics accompagnent les Français tout au long de leur vie, la France insoumise promet un effort sans précédent en leur direction (...)

4 Urgence écologique : 50 milliards d’investissements

C’est la moitié des 100 milliards d’euros consacrés à l’investissement qui devrait être tournée vers « l’urgence écologique ». 50 milliards d’euros déployés autour de trois postes de dépenses : un plan « 100 % d’énergies renouvelables » financé à hauteur de 25 milliards d’euros qui doit permettre de compenser la sortie du nucléaire ; un programme d’isolation thermique de 700 000 logements pour 20 milliards d’euros ; et enfin un plan ferroutage (combinant rail et route) de 5 milliards. (...)

les crédits de la politique agricole commune poursuivraient de nouveaux objectifs : le « financement du coût de la transition », la « rémunération des services fournis à la société par l’agriculture écologique », le « soutien aux revenus et à l’installation », et « l’accès de tous à une alimentation de qualité ».

Tout en détail dans cette vidéo (5h 30’)
ÉMISSION SPÉCIALE CHIFFRAGE DU PROGRAMME - #JLMChiffrage

Le programme de la France insoumise et de son candidat Jean-Luc Mélenchon