
Air connu : l’efficacité diplomatique et la fidélité à un certain nombre de principes – quels qu’ils soient, au demeurant – font rarement bon ménage. La « Realpolitik », ça s’appelle.
Ces contradictions récurrentes sont particulièrement saillantes dans le cas des démocraties occidentales, qui se posent comme l’incarnation de principes politiques peu ou prou hérités de la philosophie des Lumières, ne manquent pas de le faire savoir au reste du monde et qui, nonobstant, s’assoient dessus lorsque des intérêts « supérieurs » sont en jeu. (...)
Dernier exemple en date : le silence assourdissant de l’autoproclamée patrie des droits de l’homme durant l’explosion de la cocotte-minute tunisienne, silence seulement rompu par les offres de services en matière sécuritaire de Michèle Alliot-Marie (dans un souci d’épargner les vies humaines, cela va de soi, la flicaille française, de flashball en Taser, étant devenue experte en maintien de l’ordre non-létal, enfin presque). (...)
L’Union européenne qui, à défaut d’avoir une politique, est supposée avoir des principes – la liberté de la presse en fait partie, jusqu’à plus ample informé – est partiellement « présidée » par un pays dont le gouvernement a jugé bon d’établir un comité de censure. « Etonnant, non ? », aurait dit Desprosges. (...)
Cette lamentable affaire constitue, cela va sans dire, un précédent grave. La seule légitimité « palpable » d’un pouvoir supranational européen c’était, justement, de constituer un garde-fou sur la question des libertés et des droits de l’homme. (...)
Imaginons un seul instant que le gouvernement hongrois ait continué de foutre la paix à ses journalistes mais qu’il ait, en revanche, décidé de taxer ses importations en provenance de l’Union européenne et de rétablir un contrôle des changes.
Là, n’en doutons pas, on verrait immédiatement se mettre en place une cellule de crise à Bruxelles, Sarkozy et Merkel se téléphoneraient 40 fois par jour, tandis que les médias en feraient des titres gros comme ma cuisse. (...)