
Présente lors des délibérations du jury et jusqu’au jugement, cette consultante a caché avoir un lien avec l’une des parties.
Lors du procès qui opposait en mars Bayer-Monsanto à un utilisateur du Roundup, une femme d’une trentaine d’années se faisait passer pour une journaliste alors qu’elle était en réalité consultante pour un cabinet de conseil. C’est l’Agence France-Presse, à laquelle l’intéressée a donné cette fausse attribution, qui révèle cette information, samedi.
Selon l’AFP, cette employée a régulièrement affirmé, au cours du procès intenté par le retraité Edwin Hardeman, à San Francisco, être journaliste pigiste, citant la BBC et le journal spécialisé britannique The Inquirer parmi ses employeurs. Les deux médias ont démenti qu’elle ait couvert le procès pour eux. (...)
La jeune femme était en fait employée par FTI Consulting, l’un des plus grands cabinets de conseil et de relations publiques au monde, qui compte parmi ses clients Monsanto et l’allemand Bayer.
Discussions informelles avec des reporters
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Sur son site, comme Le Parisien peut le confirmer, FTI Consulting la présente comme « ancienne reporter tech », « excellente rédactrice et tacticienne (qui) donne vie à beaucoup de nos campagnes ». Sollicitée par l’Agence, l’intéressée n’a pas donné suite. Selon FTI, « la mission donnée à l’employée en question était d’assister au procès et son but était expressément et uniquement de prendre des notes sur les débats ».
Un sujet pris « très au sérieux »
Après avoir « appris que ladite employée s’était présentée de façon erronée », la société « a entamé un examen interne et prendra les mesures nécessaires et appropriées », a assuré un porte-parole, Matthew Bashalany. Le cabinet de relations publiques est « résolu à opérer conformément aux principes éthiques les plus élevés » et il prend « le sujet très au sérieux », a-t-il ajouté.
FTI Consulting Belgium figure dans le registre de « Transparence » de l’Union européenne, qui recense les groupes d’intérêts auprès des institutions de l’UE. Bayer lui aurait assuré en 2018 des revenus compris entre 25 000 et 50 000 euros. FTI conseille aussi EuropaBio, lobby industriel de la biotechnologie, auquel appartient Bayer (50 000 à 100 000 euros de revenus en 2018, selon le registre), ainsi que l’Association européenne de l’industrie phytosanitaire (ECPA).
Un porte-parole de Bayer a affirmé à l’AFP que FTI ne faisait pas partie de l’« équipe multi-fonctions chargée de la gestion des procédures juridiques autour du Roundup, notamment le procès » de San Francisco. Le groupe n’a pas dit s’il était au courant de la présence d’une personne de FTI à ce procès.
Des accusations similaires
En janvier, déjà, l’ONG EarthRights avait affirmé que « des consultants payés par Exxon », employés de FTI Consulting, avaient contacté son conseiller juridique en « se faisant passer pour des journalistes ». Cet avocat défend des municipalités contre Exxon Mobil devant la justice américaine. (...)
Les nouvelles informations interviennent après le scandale créé par les fichiers Monsanto, ces documents, révélés par France 2 et que Le Parisien a consultés, dans lesquels journalistes, politiques ou chercheurs sont catégorisés en fonction de leur position sur le glyphosate et leur éventuel soutien à Monsanto