
Pour accompagner ses efforts militaires contre le terrorisme islamiste, la France édite le compte Twitter officiel @StopDjihadisme, qui publie plusieurs messages chaque jour. Un compte qui suit à la lettre les règles de l’art de la propagande de guerre.
A quoi reconnaît-on que nous sommes en période de guerre ? En 2011, l’historienne belge Anne Morelli a publié Principes élementaires de propagande de guerre, un ouvrage dans lequel elle synthétise les axiomes de communication utilisés dans chaque camp, dès qu’une guerre éclate. Sous-titre : « Utilisables en cas de guerre froide, chaude ou tiède… ». (...)
10 commandements du propagandiste de guerre (Wikipédia en livre une explication plus détaillée), que l’on retrouve dans tous les conflits.
– Nous ne voulons pas la guerre
– Le camp adverse est le seul responsable de la guerre
– Le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l’affreux de service »)
– C’est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers
– L’ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c’est involontairement
– L’ennemi utilise des armes non autorisées
– Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l’ennemi sont énormes
– Les artistes et intellectuels soutiennent notre cause
– Notre cause a un caractère sacré
– Ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres
Or visiblement, nous sommes bien en guerre. Non seulement l’affirmation est désormais prononcée sans gêne par les responsables politiques qui la fuyaient, notamment pour justifier l’état d’urgence et surtout pour expliquer les raisons des opérations militaires menées en Syrie et en Iraq contre l’État islamique. Mais en plus, et comme pour toute guerre, la France mène clairement une propagande de guerre et une contre-propagande, jugés nécessaires pour fortifier son camp contre l’adversaire. Parmi les outils employés : @StopDjihadisme. (...)
La propagande de guerre de la France se veut désormais beaucoup plus franche, soutenue et plus agressive. Elle semble être réalisée en suivant à la lettre le vrai-faux manuel d’Anne Morelli. À tel point même qu’il frôle parfois la caricature, pourtant contre-productive. Le risque d’un excès de communication contre l’ennemi est en effet de nourrir la haine de cet adversaire, en cherchant trop à nourrir l’hostilité des siens.
Nous avons ainsi classé une sélection des messages publiés ces dernières semaines par @stopdjihadisme, en les inscrivant dans les 10 commandements de Morelli. (...)