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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Protéger le personnel humanitaire contre les violences sexuelles
Article mis en ligne le 25 août 2016
dernière modification le 24 août 2016

Selon un nouveau rapport, 16 pour cent seulement des organisations d’aide humanitaire ont des politiques appropriées pour gérer les affaires d’agressions sexuelles contre leur personnel et un cas de sévices sexuels sur 10 est rapporté et correctement traité.

Le rapport, réalisé dans le cadre de la campagne Report the Abuse, est le fruit d’une enquête menée auprès de 92 organisations d’aide humanitaire, incluant des agences des Nations Unies et des ONG. Il a recueilli des témoignages au sujet de 77 cas de violences sexuelles, commises pour la plupart par des membres du personnel sur leurs collègues.

Megan Nobert, l’auteure du rapport, a dit à IRIN que les violences sexuelles étaient « répandues » dans le secteur de l’humanitaire et du développement. Trop souvent, a-t-elle dit, les victimes « font face à une forme de punition ou de représailles de la part de la personne qu’ils accusent. » Il est « extrêmement difficile » de faire en sorte que les coupables soient punis, car il n’est pas sûr ni réaliste de compter sur les organismes locaux d’application de la loi dans les pays en proie à des troubles et les cadres supérieurs ont une grande marge de manœuvre sur le terrain. (...)

Selon Mme Nobert, la culture du travail humanitaire et de maintien de la paix contribue également à augmenter le risque. Elle soutient en effet que les violences sexuelles contre les humanitaires surviennent dans « un environnement de travail façonné par les masculinités traditionnelles » ainsi que dans une culture qui encourage toujours — implicitement et explicitement — une approche téméraire du travail, notamment en valorisant les comportements de mise en danger. »

Le rapport conclut que les organisations d’aide humanitaire ont un éventail de politiques, de lignes directrices et de codes de conduite qui traitent du problème. Cependant, rares sont celles qui ont une approche véritablement globale qui mise sur la prévention, gère les cas de violences, offre des soins aux victimes et punit les auteurs de sévices faisant partie du personnel. (...)

Une autre initiative, la Base de données sur la sécurité des travailleurs humanitaires, a enregistré 26 cas de viols ou d’« agressions sexuelles graves » seulement depuis 2004. Des 77 actes rapportés volontairement à Report the Abuse depuis 1995, environ 14 étaient des cas de viols ou d’agressions sexuelles.

La question est au cœur des discussions depuis l’annonce des viols et des abus sexuels commis contre des humanitaires étrangères à Juba le mois dernier. Dans un billet de blogue, Sarah Martin, qui étudie les violences sexuelles, a écrit : « Les travailleurs humanitaires de sexe féminin du monde entier sont particulièrement ébranlés par cet événement. En privé, certaines ont dit qu’elles avaient peur, mais qu’elles se sentaient encore plus mal d’abandonner les femmes sud-soudanaises, car ce sont elles qui souffrent le plus des violences sexuelles. Leur situation empirera-t-elle si nous partons ? »

L’indignation soulevée par les attaques ayant eu lieu à Juba a poussé un groupe d’humanitaires à lancer une pétition demandant l’amélioration de la protection et de la surveillance. (...)