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Pussy Riot : « On en a maté des plus coriaces que vous, ici ! »
Article mis en ligne le 31 octobre 2013

Pour avoir chanté une « prière punk » contre Poutine dans une cathédrale orthodoxe à Moscou, Nadejda Tolokonnikova, membre du groupe Pussy Riot, a été condamnée à 2 ans de prison. Détenue dans le camp de Mordovie hérité du Goulag soviétique, elle a entamé une grève de la faim le 23 septembre. The Guardian publiait alors sa lettre de témoignage sur les conditions déplorables de détention. La jeune militante aurait été transférée mais les autorités pénitentiaires n’ont pas rendu public le nom de sa nouvelle prison.

Pour la soutenir, Jeanne Moreau a choisi de lire sa « Lettre du camp 14 » sur France Culture le 30 octobre.

Ce lundi 23 septembre, j’entame une grève de la faim. C’est une méthode extrême, mais je suis absolument certaine que, dans la situation où je me trouve, c’est la seule solution.

La direction de la colonie pénitentiaire refuse de m’entendre. Mais je ne renoncerai pas à mes revendications, je n’ai pas l’intention de rester sans rien dire et de regarder sans protester les gens tomber d’épuisement, réduits en esclavage par les conditions de vie qui règnent dans la colonie. J’exige le respect des droits de l’homme dans la colonie, j’exige le respect des lois dans ce camp de Mordovie. J’exige que nous soyons traitées comme des êtres humains et non comme des esclaves.

Voici un an que je suis arrivée à la colonie pénitentiaire n°14 du village de Parts. Les détenues le disent bien – « Qui n’a pas connu les camps de Mordovie n’a pas connu les camps tout court ». Les camps de Mordovie, j’en avais entendu parler alors que j’étais encore en préventive à la prison n°6 de Moscou. C’est là que le règlement est le plus sévère, les journées de travail les plus longues, et l’arbitraire le plus criant. Quand vous partez pour la Mordovie, on vous fait des adieux comme si vous partiez au supplice. Jusqu’au dernier moment chacune espère – « peut-être, quand même, ce ne sera pas la Mordovie ? Peut-être que j’y échapperai ? » Je n’y ai pas échappé, et à l’automne 2012 je suis arrivée dans cette région de camps sur les bords du fleuve Parts. (...)