
Nous avons révélé de graves failles de sécurité dans l’application de traçage des contacts devenue obligatoire au Qatar pour lutter contre le Covid-19. Un signal d’alarme pour tous les gouvernements qui lancent des applications de ce type.
Cette révélation apparait dans le cadre d’une analyse plus globale des applications de traçage des contacts, qui avait pour objectif d’évaluer leur degré de respect des droits humains.
C’est d’autant plus inquiétant que l’utilisation de l’application EHTERAZ a été rendue obligatoire le 22 mai. Les personnes qui ne l’utilisent pas encourent à présent une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans et une amende de 200 000 riyals qatariens (environ 50 000 euros). Nous avons alerté les autorités du Qatar le 21 mai. Elles ont rapidement réagi et ont trouvé la parade le 22 mai en fin de journée. Désormais corrigée, cette faille aurait permis aux cyber-attaquants d’avoir accès à des données personnelles très sensibles, comme le nom, le numéro de la carte d’identité, le statut médical et les données de localisation de plus d’un million d’utilisateurs. (...)
Cet incident devrait servir d’avertissement aux gouvernements du monde entier qui se ruent sur les applications de traçage des contacts, trop souvent mal conçues au détriment de la protection de la vie privée. Pour que la technologie joue un rôle efficace dans la lutte contre le Covid-19, les gens doivent avoir confiance dans le fait que ce type d’applications protégera leur vie privée et les droits humains.
Actuellement, plus de 45 pays ont déployé, ou prévoient de déployer, des applications de traçage des contacts pour lutter contre la propagation du Covid-19. Nous déplorons que des États dans le monde entier, notamment la France, l’Australie, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni,, se précipitent pour adopter des outils numériques qui compromettent la vie privée. Ces applications n’ont pas encore prouvé leur efficacité et sont susceptibles de mettre la sécurité des utilisateurs en péril.
Afin d’être compatibles avec les obligations relatives aux droits humains, les applications de traçages doivent intégrer dès leur conception la protection de la vie privée et des données stockées de manière sécurisée. La collecte de données doit se limiter au contrôle de la propagation du Covid-19 et ne doit pas servir à d’autres fins, comme l’application des lois, la sécurité nationale ou le contrôle de l’immigration.
L’utilisation de l’application doit rester volontaire (...)