
Dans son éditorial publié vendredi (Les saines exigences de l’euro), Le Monde considère que l’instauration d’une monnaie unique doit s’accompagner d’une indispensable harmonisation des politiques économiques, ce qui implique une coordination des politiques budgétaires et un abandon de la souveraineté budgétaire des Etats.
Et l’auteur de se réjouir que la Commission européenne soit désormais dotée d’un pouvoir de contrôle sur les budgets. Et de déplorer que la discipline budgétaire commune ne se traduise pas, par exemple, par la dénonciation de la suppression du jour de carence des fonctionnaires. Et de regretter que le temps de l’Europe ne soit pas celui des Etats s’agissant de la gouvernance économique commune.
On ne pouvait pas trouver plus claire illustration du système oligarchique où nous conduit une intégration européenne qui se fait au mépris des règles démocratiques, c’est-à-dire au mépris des peuples. (...)
nos directeurs de pensée médiatiques trouvent tout à fait normal que ce soit la Commission, l’institution européenne dont la légitimité démocratique est la plus faible, qui dicte aux Etats les dépenses qu’ils peuvent effectuer et celles qui leur sont interdites ! Ils trouvent normal que des institutions comme la Banque Centrale européenne et désormais le MES, qui n’ont aucun compte à rendre aux citoyens, disposent du privilège d’imposer à ceux-ci des choix de société. Ils trouvent normal qu’au gré de la jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE – qui vient de se voir dotée de nouvelles missions par le MES et le TSCG – se soit créé un ordre juridique complet qui s’impose non seulement aux Etats mais à leurs ressortissants, sans que jamais il ait été possible d’en contester les orientations.
Le rêve européen devient un cauchemar pour ceux qui ne sont pas enclins à la servitude volontaire et qui ne veulent pas être soumis à une oligarchie au service d’intérêts très particuliers.
Pourquoi donc, nos grands ainés, après des siècles de tyrannie, ont-ils, en 1789 arraché ce principe cardinal de la démocratie : tous les pouvoirs émanent du peuple ? (...)