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Le Monde
Quand des doctorants jettent l’éponge
Article mis en ligne le 25 juin 2021

Les difficultés de certains thésards se sont aggravées avec la crise du coronavirus. Le nombre de thèses soutenues en 2020 a chuté de 15 %.

Cela fait six mois que Sophie Lorgeré a définitivement arrêté la thèse sur laquelle elle travaillait depuis... six ans. « Psychologiquement je n’en pouvais plus, et avec le coronavirus, c’était trop. Cette période m’a permis de prendre du recul sur un ras-le-bol que je couvais peut-être depuis longtemps », se souvient celle qui préparait un doctorat sur les séries télévisées à Rennes-II.

Difficultés pour accéder à certains terrains, distension du lien avec les équipes, colloques basculés en ligne… La période d’épidémie de Covid-19 n’a pas été facile pour les jeunes chercheurs. Et sans doute découragé les vocations : le nombre d’inscrits en première année de doctorat, toutes disciplines confondues, était en recul de 1,9 % en septembre dernier, avec de fortes différences selon les disciplines (-6 % en sciences humaines et sociales, -14 % en sciences de la terre, mais +3 % en santé et +5 % en chimie).

Surtout, en 2020, le nombre de soutenances de thèse a chuté de 15 % par rapport aux chiffres observés depuis dix ans, selon une note publiée en mai par le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. De simples reports d’un an, ou des abandons liés à la crise sanitaire ? Sans doute un peu des deux.

Un indice, toutefois : cette chute des soutenances ne s’est pas traduite par une hausse « mécanique » du volume d’inscrits en doctorat pour l’année 2020-2021. Ce qui laisse penser qu’un nombre plus important d’étudiants ont abandonné leur doctorat en cours de route, estime le ministère. Et ce malgré des aides accordées, sous la forme du prolongement du financement de contrats doctoraux – pour ceux qui en bénéficient.

Perte de sens progressive (...)

Pour expliquer l’arrêt de son doctorat, Sophie Lorgeré souligne une perte de sens progressive, renforcée aussi par la loi de programmation pluriannuelle de la recherche, qui a, selon elle, terni ses perspectives d’emplois. « J’ai compris que je n’aurais pas de travail dans la recherche. Pourquoi, dès lors, me mettre dans une situation si difficile et stressante ? J’en ai eu assez de la compétition, je n’avais plus besoin de la validation d’une institution qui, à mes yeux, est en train de s’effondrer », tacle-t-elle. (...)