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Quand l’extrême-droite s’essaie à la critique des « merdias »
Article mis en ligne le 16 février 2015

Comme ce fut toujours le cas avec l’extrême droite et culmina avec le fascisme et le nazisme, les sites d’extrême droite se nourrissent de thèmes apparemment anticapitalistes contre «   l’oligarchie  » ou la «   tyrannie médiatique  », et se drapent dans la défense du «   peuple  » – le «  vrai  » – menacé par les barbares, les élites, les immigrés, l’islam aujourd’hui – qui a remplacé le judaïsme d’hier, les apatrides – qui furent les juifs, et qui sont désormais les musulmans et les «  élites mondialisées  ».

Au nom de quoi, ces représentants de la pureté française se présentent comme des briseurs de «  tabous  », des pourfendeurs de la «   pensée unique  », des ennemis du «   politiquement correct   ». Tous les médias qui ne partagent pas leur point de vue sont des ennemis. Et face à l’ennemi, un seul mot d’ordre  : à l’assaut  ! On l’a compris  : leur prétendue critique des médias – ou des «   merdias  », et autres «  journalopes   », selon le vocabulaire fleuri qui a cours dans ces sphères  – n’est que l’habillage de leur propagande générale et d’un projet politique global.
(...)

Même dépouillée de ses outrances et de son vocabulaire malodorant, cette critique n’en est pas une – ou plutôt, elle est purement politique  : loin de contester le fonctionnement réel (dont elle n’a cure) d’un système médiatique qui impose le cadre du débat, elle lui reproche simplement la nature de l’idéologie qu’il imposerait.

Cette idéologie, le «  politiquement correct   », désigne en l’espèce ce qui déplaît à l’extrême droite  : pour la voir à l’œuvre dans les médias, il faut les observer avec de solides œillères et un bandeau à chaque œil. Mais impossible n’est pas français, et les organisateurs des Bobards d’or se proposent ainsi de décerner le «  bobard de cuivre   »  : «  Le bobard de cuivre, c’est une histoire à l’eau de rose, celle du mariage d’amour entre la France et des immigrés qui la mettent en coupe réglée. Campements sauvages, vols de métaux, clandestins, délinquance, les médias français rivalisent d’imagination et parfois de poésie pour transformer tout cela en conte de fées ».

Trois nominés  : Yann Barthès, pour sa contre-enquête sur «   une grande enquête sur les Roms   » publiée dans Valeurs actuelles  ; David Pujadas, pour un reportage dans lequel le travail d’un Rom est qualifié de «  ferraillage  » («   "Ferraillage" qui remplace vol de métaux, et voilà un Rom qui réussit son "intégration"  !   », s’indignent les chasseurs de «   Bobards   »)  ; et le Huffington Post, pour son «   traitement (un temps) compassionnel de l’affaire Leonarda  ». Sic  ! La récolte est maigre, mais le défi était de taille.

On l’aura compris, la critique des médias n’est ici qu’une occasion de ruminer de vieilles obsessions. (...)