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Association Autogestion
Quand les entreprises récupérées s’organisent par branche professionnelle, l’exemple argentin de « Red Gráfica cooperativa »
Article mis en ligne le 14 décembre 2014
dernière modification le 11 décembre 2014

Dès 2001, les entreprises récupérées par les travailleur-se-s (ERT) en Argentine ont ressenti le besoin de se fédérer au sein d’organisations spécifiques. A cela au moins deux raisons, elles n’étaient pas ou peu soutenues par les organisations syndicales (à l’exception de l’Union ouvrière métallurgique de Quilmes et, plus tardivement, la fédération de l’imprimerie de Buenos Aires) et elles ne se sentaient pas représentées par le mouvement coopératif traditionnel.

Elles devaient donc se doter d’une forme de représentation susceptible d’être un interlocuteur crédible face aux pouvoirs publics mais également pour développer des liens organiques entre elles. A l’époque, le Mouvement national des entreprises récupérées (MNER) joua un rôle prépondérant dans la transmission d’expériences et la solidarité avec les nouvelles coopératives, ce qui leur a permis d’acquérir une plus grande visibilité sociale, politique et médiatique. Entre 2002 et 2004, l’importante vague de récupération d’entreprises par les travailleur-se-s en a largement bénéficié et son intervention a été dans bien des cas décisive.

L’impérieuse nécessité de se fédérer au niveau sectoriel
Mais au-delà des péripéties et des divisions résultant de divergences politiques et organisationnelles qui ont pu surgir par la suite, la nécessité de s’organiser d’un point de vue sectoriel est apparue essentielle. Ce n’est probablement pas un hasard, si le secteur de l’imprimerie a été précurseur dans ce domaine, d’autant qu’il représente 10% des ERT du pays et 17% des nouvelles récupérations conquises au cours de la période 2010-2013. De plus, ce secteur a bénéficié d’un fort taux de syndicalisation et, à présent, d’un soutien actif des syndicats de branche dans les processus de récupération, ce qui est loin d’être la règle dans d’autres secteurs d’activités. Ce secteur s’appuie également sur une forte tradition de syndicalisme révolutionnaire (...)

Plutôt que de rester isolées dans un système capitaliste concurrentiel, les coopératives de l’imprimerie ont opté pour le regroupement en réseau afin de développer des politiques communes en vue de mutualiser les investissements productifs, les achats, le stockage, la production, la qualité, la recherche et développement, les ressources humaines, la formation, la planification stratégique et opérationnelle, le financement, la commercialisation, la diffusion et la publicité. (...)

Le réseau s’est doté d’une technologie de pointe qui lui permet d’assurer une gamme de produits très large et d’obtenir des marchés de l’État.

A titre d’illustration, ce ne sont pas moins de quatre coopératives qui assurent en complémentarité la photocomposition, le design de la couverture, la pré-impression et l’impression de la série de livres de la collection « Bibliothèque Économie des travailleurs » publiée par les éditions Continente. (...)

Alors que la problématique technologique s’avère cruciale pour les ERT argentines dans l’approfondissement des processus d’autogestion, Red Gráfica cooperativa est parvenu à relever ce dilemme en mutualisant les investissements productifs et la production, ce qui lui permet d’innover d’un point de vue social en améliorant les conditions de travail et de réduire l’auto-exploitation des travailleurs associés. Les bonnes relations avec le syndicat de l’imprimerie permettent aux travailleur-se-s de continuer à bénéficier de la couverture sociale bien qu’ils/elles ne soient plus sous statut salarié-e-s-, ce qui n’est pas le cas d’autres secteurs d’activités qui doivent la prendre en charge directement.

La fédération des entreprises coopératives de l’imprimerie est porteuse d’une stratégie de transformation sociale de la société et de rupture avec le système de domination capitaliste. (...)