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Quand les médias dominants consacrent la « bonne » critique des médias
Article mis en ligne le 9 janvier 2016
dernière modification le 5 janvier 2016

Depuis la parution début février 2015 de son livre Sauver les médias, Julia Cagé est régulièrement invitée dans les médias dominants pour exposer son diagnostic sur l’état du paysage médiatique et ses préconisations pour le sauver. Bien que son ouvrage, qui porte essentiellement sur les structures capitalistiques de la presse écrite, soit souvent fondé dans ses analyses, dont nous avons pointé les limites ici [1], le nombre d’invitations dont elle bénéficie interroge : si le thème du devenir des médias intéresse tant, pourquoi d’autres formes d’analyses (notamment critiques et radicales) sont-elles si peu, pour ne pas dire jamais, entendues dans les colonnes ou sur les ondes des « grands » médias ?

La liste (peut-être non exhaustive !) des très nombreuses invitations dont Julia Cagé a bénéficié depuis la sortie de son livre le 5 février dernier (voir en annexe), illustre les logiques sociales de sélection des experts médiatiques et le manque de pluralisme auquel elles aboutissent. Ainsi, il aura suffi d’un livre et de quelques semaines à Julia Cagé pour s’imposer comme l’experte ès médias que tous les médias s’arrachent – rejoignant le petit club fermé des experts accrédités sur la question, tels Dominique Wolton, Jean-Marie Charon, ou Jean-Louis Missika.

Le corollaire de cette ubiquité médiatique est la fermeture des médias aux autres formes de critique des médias. En ce sens, la présence dans les médias de Julia Cagé est un révélateur de ce que l’espace médiatique est disposé à tolérer à propos de ce qu’il est. Et si l’on ne peut que se réjouir d’entendre dans les grands médias un discours qui esquisse une critique de la propriété des médias, ainsi que des propositions pour y remédier, on ne peut que déplorer que ce soit le seul discours critique audible.

Cette omniprésence médiatique s’explique notamment par le suivisme et le conformisme des rédactions qui veulent rester en terrain connu (...)