
Quel rapport les médias dominants entretiennent-ils avec les classes dominées ? « Aucun » serait sans doute la réponse la plus juste [1]. Car outre le traitement misérabiliste qui leur est parfois réservé, force est de constater que le plus souvent, les classes populaires sont les grands absents des grands médias, comme en témoignent en creux les quelques visuels qui suivent. Les médias de masse ne s’en cachent pas : les CSP+( Catégories socioprofessionnelles supérieures.) constituent leur cœur de cible et semblent les seules dignes de retenir leur attention. Dès lors, comment attendre des classes populaires qu’elles adhèrent à des médias qu’elles indiffèrent ?
RMC, dont la hauteur de vue et la finesse des débats ne sautent pas nécessairement aux yeux ni aux oreilles (songeons par exemple aux saillies sexistes du « Moscato show » ou aux diatribes réactionnaires de « Carrément Brunet ») n’hésite pas à se positionner fièrement du côté des classes supérieures, se targuant de « la matinale info la plus CSP+ » et allant jusqu’à se renommer « RMCSP+ » : (...)
Par intérêt de classe bien compris, les médias dominants ne ménagent pas leurs efforts pour attirer davantage de lecteurs/ auditeurs/ téléspectateurs à forts capitaux assimilés peu ou prou à des clients, ces derniers étant ravis de se voire offrir des contenus qui leur correspondent, ou qui même devancent parfois leurs attentes, ainsi que toutes sortes d’attentions qui les touchent ; nul ne peut alors ignorer les inévitables effets de distorsion sur la ligne éditoriale de ces organes d’information qui cherchent à tout prix à plaire à certains plutôt que de chercher à les informer tous.
Si la rencontre entre médias dominants et classes dominantes se fait pour ainsi dire tout naturellement, il en va donc tout autrement de sa relation aux couches populaires. Le pendant logique de cette obsession pour les CSP+ est la relégation des classes dominées au rang de classe-objet ou classe parlée. Comment s’étonner que les grands médias ne parlent pas aux classes populaires si ces mêmes médias ne font rien, ou si peu, pour leur parler ?