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Quand lire au lit était une activité dangereuse et subversive
Article mis en ligne le 6 juin 2017
dernière modification le 2 juin 2017

En Europe au XVIIIe siècle, lire au lit était considéré comme une activité dangereuse pour soi et ses objets, mais surtout comme une menace à la morale et à la cohésion de la vie en communauté.

(...) Le lien établi entre moralité et mortalité n’était pas si incongru, puisque les bougies pouvaient faire brûler les draps des lits, puis brûler la maison ou au moins l’endommager. Cependant, c’était surestimer l’effet de ces flammes noctures, puisque des 29.069 feux enregistrés à Londres entre 1833 et 1866, seuls 34 avaient été attribués au fait de lire dans son lit –autant que les chats. Alors pourquoi les gens se sentaient-ils menacés ?

Une menace à l’ordre social
Il faut comprendre ces peurs en prenant en compte le contexte social et historique de l’époque : avant le XVIIe, lire était une activité collective et orale. Lire un livre dans son lit impliquait de savoir lire, avoir les moyens de se payer un livre et d’avoir sa propre chambre. The Atlantic rappelle que, la nuit, « même la royauté n’avait pas la vie privée que les dormeurs contemporains considèrent comme acquise », des servants pouvaient en effet dormir à leurs côtés.

C’est vers le XVIIe siècle que lire devient une activité solitaire moins inhabituelle, notamment grâce à l’invention de l’imprimerie. Au même moment, la chambre à coucher change. D’une pièce collective, tant chez les pauvres que chez les riches, elle devient un lieu où s’isoler, notamment avec l’apparition du lit baldaquin qui permettait de fermer les rideaux.

Cet isolement inquiéte à l’époque, à cause de la transgression possible lorsque l’on est à l’abri des regards. (...)