
Depuis la crise des Gilets Jaunes, les Français ont la tête près du bonnet phrygien. Un récent sondage IFOP diffusé par le site libéral Atlantico le confirme : 39% d’entre eux estiment que la révolution est le meilleur moyen pour changer la situation que traverse actuellement l’Hexagone.
L’intérêt particulier de ce sondage réside dans le fait qu’une batterie de questions relatives aux sentiments des citoyens vis-à-vis de leurs dirigeants a été posée, non seulement en France mais aussi dans cinq autres Etats européens : Allemagne, Autriche, Italie, Espagne et Pologne (cliquez ici pour obtenir ce sondage en entier). La comparaison est donc aisée : la France est le seul pays à souhaiter l’émergence d’une vague révolutionnaire. Les autres Européens se montrent nettement moins enthousiasmés par l’arrivée du Grand Soir. L’option révolutionnaire est choisie par 20% des Allemands, 14% des Autrichiens, 13% des Espagnols, 28% des Italiens et 14% des Polonais. (...)
Une révolution aux couleurs indécises
Il reste à déterminer la couleur politique que pourrait prendre cette révolution hexagonale. Et là, tout se complique : 67% des électeurs prêts à voter France Insoumise (extrême gauche) aux prochaines élections européennes et 71% de ceux qui choisiront la liste Rassemblement National (extrême droite) adoptent l’option révolutionnaire. Difficile de trouver un plat commun pour la révolution à la mode Mélenchon et la révolution sauce Le Pen !
Il est vrai qu’à l’intérieur de l’Hexagone, l’idée de révolution est nimbée d’une aura romantique et que les Français de droite comme de gauche aiment à se poser en rebelles et révolutionnaires, même si le plus souvent ils oublient d’enlever leurs charentaises en prenant cette posture.
Il est vrai aussi que tous les profonds changements de l’ordre politique se sont produits dans un contexte de violence, soit par la révolution ou le coup d’Etat (1789, 1793, 1795, 1799, 1830, 1848, 1852), soit à la suite d’une guerre (1814, 1870, 1946, 1958). Dès lors, la violence est perçue en France de façon positive, comme un facteur de changement pour celles et ceux qui ne voient aucune solution pour sortir de leur marasme social, alors que dans d’autres contrées la mémoire collective a conservé des épisodes révolutionnaires des sentiments de peur, voire de répulsion. (...)
La tentation nihiliste
L’option révolutionnaire saluée par quatre Français sur dix ne relève donc pas du choix mais exprime plutôt la rage : on a tout essayé, les réformes de gauche, de droite, du centre et le chômage est toujours massif, la France décroche des pays de la première division européenne, la bureaucratie étouffe toujours en même temps que les services publics utiles désertent les campagnes, la petite bourgeoisie mal payée est persuadée de son glissement inéluctable vers la pauvreté.
La tentation de tout foutre en l’air, de tout bloquer, de tout dégager, de casser pour casser est tellement intense qu’un nombre croissant de Français y succombent. Dans cette autocratie élective qu’est la France, c’est au président de la Royaublique de répondre. Et il ne peut répondre qu’à côté de la plaque car, placé aussi haut, il ne peut ni entendre, ni comprendre, ni se faire entendre. Macron, c’est un chef d’orchestre qui est tellement éloigné de ses musiciens que ces derniers ne peuvent que jouer chacun leur partition dans le plus grand désordre.
La rage est donc loin d’être éteinte et la fièvre jaune du samedi soir va sans doute persister. (...)
Un sondage Odoxa que vient de publier le site de L’Express (lire l’article en cliquant ici) avance que la moitié des Français seraient favorables à la nomination d’un militaire à la tête du pays. Alors, à ce moment-là, ce sera peut-être une révolution qui éclatera. Mais sans doute pas au sens où l’entendent les « quatre Français révolutionnaires sur dix ».Un sondage Odoxa que vient de publier le site de L’Express (...) avance que la moitié des Français seraient favorables à la nomination d’un militaire à la tête du pays. Alors, à ce moment-là, ce sera peut-être une révolution qui éclatera. Mais sans doute pas au sens où l’entendent les « quatre Français révolutionnaires sur dix ».