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Que savons-nous de l’autre à travers les réseaux sociaux ?
Article mis en ligne le 24 mars 2021
dernière modification le 23 mars 2021

Dans une récente lettre ouverte Jérôme Beaury, ancien enfant placé, écrit à Lyès Louffok lui aussi ancien enfant placé défenseur des mineurs qui, par malheur, sont parfois maltraités au sein des institutions censées les protéger. La lettre intéresse visiblement les lecteurs du journal Lien Social qui la publie.

Plus de 2000 d’entre eux se sont connectés en une seule journée pour découvrir ce que Jérôme Beaury a pu écrire au médiatique Lyès plus habitué des plateaux radios et télés qu’à recevoir un courrier visant à l’interpeler publiquement sur ses pratiques médiatiques. Plus de 4500 visiteurs ont aussi cliqué aussi sur le lien de la missive publiée sur le réseau professionnel LinkedIn. Bref l’affaire fait le buzz. Ne comptez pas sur moi pour commenter telle opinion exprimée d’autant que celui qui a été ainsi mis en cause n’a pour l’instant pas répondu. Chacun a le droit d’exprimer ce qu’il pense bien évidemment.

Que savons-nous de l’autre ?

À travers ce fait, se posent plusieurs autres questions. Que faisons-nous des informations que nous recevons avec ce courrier public ? Comment prenons-nous le temps de l’analyser et de le comprendre ? Quel filtre utilisons-nous pour construire notre opinion ? Enfin ne sommes-nous pas un peu des voyeurs qui, ayant une opinion sur tout, sont prêt(e)s à dégainer des arguments sans vraiment écouter celui qui nous parle ou nous écrit ??

Nous vivons aujourd’hui dans une société où nous sommes en permanence pris à témoin (...)

Je ne dis pas cela pour la lettre de Jérôme Beaury qui visiblement a été écrite après mûre réflexion. Non, je veux parler de cette tendance qui veut que nous soyons souvent plus attirés par les histoires personnelles, les récits construits sur des subjectivités et des émotions que sur des discours de raison s’appuyant par exemple sur les travaux de recherche.
Les réseaux sociaux exacerbent les tensions

Plus nous allons vers les écrits polémiques non argumentés plus nous prenons le risque d’être déprimé(e)s face à la violence et les tensions que nous subissons en naviguant sur les réseaux sociaux. Facebook et Twitter en sont un bel exemple

Nous sommes, avec ces réseaux, invités à nous positionner en apportant nos commentaires. Ils peuvent être tout autant positifs que négatifs. Mais alors pourquoi y a-t-il autant de messages négatifs, voire agressifs sur les réseaux sociaux ? Cela vaut aussi pour les forums de lecteurs. (...)

Les invectives et les insultes pleuvent souvent au point que certains chercheurs en science humaine parle désormais de haine en ligne. Au premier trimestre de l’année 2020, soit pendant la première crise COVID-19, Facebook a ainsi rapporté que ses modérateurs avaient supprimé 9,6 millions de messages haineux sur sa plateforme, soit un chiffre qui a plus que doublé par rapport à la même période l’année dernière (4,1 millions).

Cette réflexion m’invite à me rappeler un aspect de ce qui fait la force de nos professions : le non-jugement, la tolérance et l’acceptation de ce qui nous est différent. Certes nous pouvons avoir des avis opposés parfois tranchés (et c’est très souvent le cas au travail entre professionnels) mais il faut pouvoir les argumenter dans un dialogue constructif en évitant de polémiquer au risque d’obtenir le contraire de ce que nous recherchons : la reconnaissance de l’autre tel qu’il se présente et la bienveillance partagée.