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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Quel espoir pour la réforme de l’humanitaire ?
Article mis en ligne le 10 août 2015
dernière modification le 7 août 2015

Le Secrétaire général des Nations Unies a lancé un processus de consultation visant à réformer la façon dont l’aide est mise en oeuvre dans les zones de crise. Heba Aly, la directrice de la rédaction d’IRIN, se demande si le Sommet humanitaire mondial peut faire renaître une véritable empathie entre les travailleurs humanitaires et ceux à qui ils tentent de venir en aide.

J’ai rencontré Raga à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, lors de la dernière d’une série de consultations organisées un peu partout dans le monde afin de trouver de nouvelles idées pour améliorer la réponse aux crises.

Ces consultations ont été réalisées dans le cadre de la phase préparatoire du Sommet humanitaire mondial, une initiative du Secrétaire général des Nations Unies, qui aura lieu à Istanbul en mai 2016. Elles ont rassemblé des représentants de communautés locales, comme Raga, des responsables des Nations Unies et des gouvernements, des représentants d’ONG et des membres du secteur privé et du milieu universitaire dans le but de trouver des idées pour la réforme de l’aide humanitaire (#ReShapeAid).

Les chiffres sont impressionnants. Avant cette huitième et dernière consultation régionale, le secrétariat du Sommet humanitaire mondial avait pris conseil auprès de 23 000 personnes issues de multiples secteurs dans 151 pays du monde pour tenter de formuler des recommandations et de corriger un système d’intervention d’urgence considéré par plusieurs comme dysfonctionnel. (...)

Les travailleurs humanitaires d’aujourd’hui appartiennent à une race différente de celle des générations passées. L’humanitarisme est devenu une carrière, et non plus seulement une passion. Les procédures de sécurité, les horaires de rotation et les échelles salariales empêchent les humanitaires de consacrer tous leurs efforts à comprendre – et à vivre – la réalité des communautés locales. L’architecture actuelle de l’aide – des mécanismes multilatéraux gérés par les Nations Unies depuis New York et Genève – n’a en outre pas grand-chose à voir avec l’approche ad hoc et peu coordonnée des missionnaires d’autrefois.

Chaque année, les quelque 23 milliards de dollars consacrés à l’aide d’urgence sont acheminés aux bénéficiaires par une série de sous-traitants (bailleur de fonds – agence des Nations Unies – ONG internationale – ONG nationale – organisation communautaire). Chacun des acteurs de la chaîne d’approvisionnement prélève une somme pour couvrir ses frais généraux et influence l’orientation de l’aide. Les populations locales véritablement affectées se retrouvent dès lors avec moins d’argent et un pouvoir d’influence très faible. Les efforts d’aide, lorsqu’ils n’excluent pas complètement les communautés ciblées, sont souvent peu adaptés à leurs besoins ou à leur culture.

La nécessité de ‘localiser’ l’aide, c’est-à-dire de développer une réponse humanitaire ancrée dans les communautés locales et dirigées par celles-ci, est l’un des thèmes principaux ayant émergé des consultations en vue du Sommet humanitaire mondial. Cela démontre peut-être que le pendule est allé trop loin. (...)