
Co-diriger, co-développer et co-créer des solutions tangibles pour résoudre les crises d’aujourd’hui et les menaces de demain... Comment la jeunesse africaine peut-elle être un acteur influent dans la construction d’un Etat de droit et d’une société démocratique ? Analyse de Mireille Akpabie, experte en Réforme du secteur de la sécurité (RSS) et membre de l’African Security Sector Network (ASSN).
Entendue comme « une valeur universelle, qui émane de la volonté librement exprimée des peuples de définir leur propre système politique, économique, social et culturel et qui repose sur leur pleine participation à tous les aspects de leur existence », la démocratie est ce système politique parmi d’autres que l’on retrouve dans toutes les régions du monde.
Le continent africain a amorcé dès le début des années 1990, une ère de renouveau démocratique caractérisée par une réorganisation de la vie politique, économique et syndicale dans plusieurs pays. Si certains des objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) rendent compte de l’aspiration à « une Afrique de bonne gouvernance, de démocratie, de respect des droits de l’homme, de justice et d’état de droit », ce processus est pourtant loin d’être achevé. Sous le poids des contextes locaux et parfois des chocs exogènes, il connaît et continuera de connaître des mutations.
Cependant, si une question centrale demeure, quel que soit le modèle de démocratie choisi, c’est bien celle de la représentativité des acteurs devant intervenir dans le processus démocratique. Celle-ci est encore plus importante dans le contexte actuel où les défis de stabilité et de souveraineté n’ont jamais été aussi grands. (...)
Cette question du rôle de la jeunesse en Afrique dans le processus démocratique sera notamment l’un des sujets clés du Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, qui se tiendra les 24 et 25 octobre prochains. En proposant un atelier sur cette thématique, le Forum a ainsi ce bien fondé de donner la parole à ceux et celles qui souhaitent rendre le continent moins vulnérable aux chocs exogènes et aux défis de stabilité.
La jeunesse dans la promotion de la bonne gouvernance (...)
La jeunesse africaine représente près de 77% de la population du continent, soit près de 400 millions de personnes âgées de 15 à 35 ans. Elle manifeste depuis plusieurs années une prise de conscience forte et croissante quant à ses responsabilités et son rôle en matière de développement et de stabilité. Cela justifie son dynamisme dans la contribution à la promotion de la bonne gouvernance aux niveaux local et national. Ce dynamisme tient à son ouverture d’esprit et à son aspiration au changement. La contribution de la jeunesse du continent oscille généralement entre participation, surveillance et actions de dénonciation.
Disposant à peine du pouvoir direct de décision, l’un des meilleurs moyens pour la jeunesse africaine de participer aux initiatives de promotion de la bonne gouvernance est d’accompagner les efforts gouvernementaux à travers la sensibilisation de la société. Cependant, beaucoup reste encore à faire dans les domaines de la démocratie et de la gouvernance politique. Les actions de dénonciation des atteintes aux principes de bonne gouvernance s’inscrivent dans cet engagement continu d’une jeunesse qui refuse d’être complice de pratiques a-démocratiques. (...)
Un rôle clé dans le renforcement des institutions politiques
Tout processus démocratique efficace requiert le renforcement des institutions politiques. En gardant à l’esprit que celui-ci fait intervenir les acteurs sociaux qui s’affrontent et coopèrent, il apparaît alors justifié que la jeunesse ait toute sa place parmi les forces motrices de la transformation politique de l’Afrique. (...)
L’épanouissement des Organisations de la Société Civile grâce à une jeunesse militante (...)
dans nombre de pays africains, la tendance des gouvernants à provoquer et à maintenir un rétrécissement de l’espace démocratique semble s’inscrire dans la durée. Malgré cela, les OSC continuent de jouer un rôle prépondérant dans la consolidation du processus démocratique. C’est là tout l’intérêt d’œuvrer pour leur épanouissement. La jeunesse qui fait généralement preuve d’audace quand il s’agit d’asseoir la démocratie se retrouve dans ce rôle.
La jeunesse devrait par conséquent se positionner à travers des actions de plaidoyer pour la création, l’amélioration et la transformation des conditions propices à l’épanouissement des OSC. Ses actions auront dès lors un impact sur l’adoption et le respect des lois, y compris celles relatives aux libertés publiques.
La participation et l’accompagnement des initiatives d’éducation civique sur la démocratie et la paix (...)
Il est vrai que partout dans le monde, la sphère publique se rétrécit et la démocratie recule, semblant ne plus faire rêver la jeunesse. Mais, cela ne doit guère laisser la place à l’abandon des initiatives visant à redonner de l’élan aux processus démocratiques sur le continent africain. Loin de n’être qu’un observateur docile de la société, les États membres doivent impliquer « les jeunes pour co-diriger, co-développer et co-créer des solutions tangibles pour résoudre les crises ... et les menaces », selon les mots de l’Envoyée de l’UA, Chido Mpemba.