
(...) Qui se souvient de cet article du 19 février 2016 : « Choisir la France insoumise ou continuer à subir. En 2017, comme je l’ai fait en 2012, je voterai pour Jean-Luc Mélenchon » ?
Qui ? Dégun ! comme dit Macron à Marseille avec l’accent d’Amiens, retouché par l’ENA, lissé à l’Elysée (dans l’ombre du président adversaire de la finance) et perfectionné à Bercy .
Cette tendance à l’amnésie est une aubaine qui me permet de plagier l’essentiel de ce que j’ai donc écrit l’année dernière.
J’ai vu Jean-Luc Mélenchon, alors sénateur socialiste, se démener pour que nos frères d’Amérique latine échappent à l’autorité ruineuse des USA. Nos médias le lui reprochent encore en caricaturant ses positions.
Je l’ai vu dire que notre armée ne doit pas aller massacrer des pays du tiers monde, ce qui surprend et indigne le PS.
Je l’ai entendu affirmer que la Russie n’est pas un pays ennemi de la France et qu’il faut discuter avec elle dans un respect mutuel, ce qui fait dire au candidat (officiel) du PS que « Mélenchon est fasciné par Poutine ».
Je l’ai entendu dire que la politique extérieure des Etats-Unis constitue un vrai danger, qu’il faut sortir de l’OTAN.
J’ai participé avec lui et André Chassaigne en 2011, dans un théâtre de Bordeaux, à un meeting « Contre le capitalisme vert, unir l’écologie et la justice sociale » où chacun de nous était plus attaché à l’écologie que le total des écolos qui se sont bousculés pour être ministres de Hollande.
Je l’ai entendu dix fois dire que l’Europe doit changer si elle veut que la France y reste.
J’ai lu son projet de sixième République qui mettra fin à l’élection publicitaire d’un monarque élyséen.
Je l’ai vu défendre dans la rue les syndicalistes sanctionnés et soutenir les ouvriers, revendiquer pour les droits des femmes, pour les handicapés…
Je l’ai vu, assailli de sarcasmes, de viles attaques.
J’ai vu les bassesses dans le choix des photos de lui qui visent « à créer un effet de peur chez le passant » comme les portraits de l’Affiche rouge.
Je l’ai vu sous la pluie des éléments de langage : « candidat autoproclamé », « égo surdimensionné », « gourou », « mitterrandolâtre », « hargneux », « bougon », « coléreux » qui « s’en prend à… » et qui « éructe ».
Je l’ai vu mener mille combats dont la plupart le desservaient électoralement et qui sauvent l’honneur de la classe politique.
Et nous avons tous assisté à son procès permanent dont se délectent les médias (depuis qu’il a quitté le PS) et les gogos qui ignorent qu’ils fondent leur opinion sur les informations livrées par les médias des banquiers, des industriels, des marchands d’armes. « Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante » (Karl Marx, Friedrich Engels).
Ah ! Malcom X : « Si vous ne faites pas attention aux médias, ils vous feront détester l’opprimé et aimer l’oppresseur » ! Justement Jean-Luc Mélenchon est l’homme qui dit dans les médias ce que sont les médias (et cela ne lui sera pas pardonné). Qui d’autre le fait ? (...)
’On se tire une balle dans le pied ?
Par quel néfaste miracle, en ce pays, les petits, les obscurs, les sans-grades (« Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades, – Sans espoir de duchés ni de dotation ». Edmond Rostand, L’Aiglon), les chômeurs, les vieux ouvriers maintenus au travail quand l’âge est là, les femmes sous-payées, les jeunes sans avenir, tous ceux pour qui la vie est plus dure que celle de leurs parents, les petits commerçants écrasés par les grandes surfaces, les paysans qui travaillent à perte, tous ceux qui désespèrent d’acheter un appartement, d’avoir un jour une retraite, les professeurs au pouvoir d’achat en chute libre depuis 25 ans, tous les fonctionnaires, indispensables et méprisés et dont le statut est menacé, tous ceux-là, qui sont l’écrasante majorité des Français, par quel mystère votent-ils si nombreux pour les prédateurs ou leurs complices matois, luxueusement costumés, badigeonnés en vert ou en rose ? Ou en bleu-blanc-rouge sur du vert-de-gris ?
La vérité est que les médias pèsent insidieusement sur les élections. (...)
La France insoumise
Il serait temps que la France se souvienne qu’elle émerveilla le monde au siècle des Lumières, en 1789, en 1936, pendant la Résistance, en 1968, en 2005 en rejetant le Traité constitutionnel européen.
En 2012, elle a raté son nouveau rendez-vous avec l’Histoire. Il est probable que les peuples d’Europe, asservis par la puissance de l’argent, attendent un signal français qui ne serait pas la ruée du « parti de la trouille » vers les urnes pour y lâcher avec dégoût un bulletin de vote contre le FN, puisque le choix ne serait pas donné de voter « pour » un projet avec quelque chance de le voir s’imposer.
Une dynamique de campagne
Mais voici qu’en ce début d’avril 2017, un souffle nouveau décoiffe les médias. Il s’appelle « dynamique de campagne » de Jean-Luc Mélenchon (sur fond d’effondrement du candidat officiel du PS). Les salles de ses meetings sont trop petites, ses passages à la télé séduisent les téléspectateurs, les sondages sont prometteurs (bien que « retravaillés » pour réduire les progressions ? ) et il est devenu la personnalité politique préférée des Français, avec 51 % d’opinions positives, loin devant Emmanuel Macron à 44 %.
Le piège du vote utile se retourne contre ses instigateurs, il n’est plus évident que nous devrons opter pour « le moins pire ». Un choix de coeur et de conviction devient possible. (...)