
Il serait prudent de ne pas trop tarder pour (ré)apprendre l’essentiel de ce que l’énergie abondante et bon marché nous a dispensés de savoir et de savoir faire.
La modernité a rendu obsolètes une foule de savoir-faire autrefois très communs, mais qui sont devenus plus ou moins inutiles pour la quasi-totalité d’entre nous. En ville notamment, on peut parfaitement vivre sans savoir faire pousser la moindre plante, ni greffer un arbre fruitier, ni reconnaître et utiliser des plantes médicinales, ni forger un outil, ni battre une faux, etc.
Le résultat est que, mis à part quelques personnes qui ont “de l’or dans les mains”, les Occidentaux d’aujourd’hui forment sans doute la génération la plus incapable de l’histoire en termes d’aptitudes pratiques. En comparaison avec nos arrières-grands-parents, la plupart d’entre nous ne sait pas faire grand-chose de ses dix doigts. (...)
Il se passera à peu près la même chose au niveau professionnel. D’un côté, beaucoup de métiers vont se raréfier, voire disparaître, par exemple dans la logistique, le tourisme, le marketing ou la communication. De l’autre côté, il faudra énormément de bras dans les secteurs de l’agriculture et de la foresterie (maraîchage, élevage, scierie…), du bâtiment (charpenterie, installation de poêles de masse ou de toilettes sèches…), de l’artisanat (menuiserie, cordonnerie, textile…), de la réparation, du réemploi et du recyclage, du petit commerce (quincaillerie, mercerie…), de la santé (herboristerie…). Comme on le voit, la liste des “métiers de demain” nous emmène très loin de la révolution numérique et de l’intelligence artificielle !
Bien sûr, il est impossible de prévoir avec précision quand cette bascule aura lieu, ni combien de personnes elle concernera. Mais il serait prudent de ne pas trop tarder pour (ré)apprendre l’essentiel de ce que l’énergie abondante et bon marché nous a dispensés de savoir et de savoir faire. (...)
Le mouvement des villes en transition invite à développer sur chaque territoire des dispositifs d’éducation populaire visant à échanger et diffuser les compétences dont nous aurons besoin bientôt, dans tous les domaines – le jardinage, l’écoconstruction, la phytothérapie, etc. En fonction de la difficulté du thème abordé et du nombre de personnes intéressées, la forme prise par ces “événements de requalification” peut être très variée (...)
Peu importe la forme que cela prend, du moment que l’on en sort plus informé et plus habile qu’on y est entré, et mieux capable de sensibiliser, d’informer et de transmettre autour de soi.