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Racisme dans les rédactions : la parole à trois concernées
Article mis en ligne le 28 mai 2016
dernière modification le 23 mai 2016

Malgré de timides évolutions ces dernières années, les «  grandes rédactions   » françaises restent très homogènes en termes d’origines socioprofessionnelles et socioculturelles, et paraissent bien souvent presque uniformément «   blanches  ». Problématique en lui-même, cet état de fait a aussi des conséquences sur les orientations éditoriales des grands médias d’information. Pour prendre la mesure de ces difficultés, mais aussi explorer les voies pour les contourner, nous avons rencontré trois journalistes non-blanches qui exercent ou ont exercé dans des médias dominants. (...)

Travailler au sein de la rédaction d’un média dominant

DB : «  Quand je suis rentrée dans ce métier, j’étais encore dans l’idéologie colorblind [1], mais je voyais bien que j’étais en minorité : il y avait un autre journaliste noir, au service des sports, et il est vite parti pour d’autres raisons. Je croyais que tout le monde comprenait ce que ça impliquait d’être noire, les discriminations, le racisme… Donc pour moi, être noire ce n’était pas une question. […] Sur certains sujets, j’avais des réactions différentes des autres. On pouvait en discuter. Quand il y a eu le fameux blackface [2] d’une journaliste de Elle posté sur Instagram, ça m’a interpellée. Mais je travaillais au service culture et n’avais pas la prérogative pour écrire sur ce sujet. Je me suis demandée si je devais quand même le faire, mais je me suis empêchée d’être vocale à ce sujet car j’avais peur de passer pour la Noire qui veut imposer sa vision. J’ai pu en discuter avec une autre journaliste. Dans la rédaction il y avait des gens qui disaient que ce n’était pas raciste. Je ne pouvais pas faire grand-chose, j’étais en contrat d’apprentissage. Il y a finalement un autre journaliste qui a fait un papier d’explication sur ce qu’est le blackface. Moi de toute façon, je n’étais pas censée faire des papiers de société. Quand je suis arrivée au pôle culture, on m’a directement fait écrire sur le rap et le hip-hop. Ça ne m’a pas déplu, j’ai fait et appris beaucoup de choses, mais c’était comme me renvoyer à ma soi-disant culture.  » (...)