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Réchauffement climatique : l’humanité est dans une posture "suicidaire"
Article mis en ligne le 9 avril 2014

Pour le militant écologiste Pierre Rabhi, agriculteur et philosophe, l’humanité crée par son inertie devant les modifications climatiques les conditions de sa propre perte. Par manque d’intelligence

Q
uelles solutions pour freiner le réchauffement de la planète ? Les experts du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), ont rendu public, lundi, le troisième volet de leur cinquième rapport d’évaluation consacré, après l’évaluation de la situation, aux moyens à mettre en oeuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Un document destiné à servir de boussole aux Etats dans leurs politiques écologiques et/ou énergétiques, dans le but de redonner un rythme acceptable à une machine climatique qui tend à s’emballer.

Les scientifiques et délégations des pays membres doivent désormais débattre et adopter, en vue de sa publication le 12 avril, un "résumé pour décideurs". Avec pour objectif les futurs accords de Paris en 2015. (...)

Mais que peut-on en espérer devant ce qui semble être une indifférence globale au problème. Quand ce n’est pas sa négation pure et simple. Pour Pierre Rabhi, agriculteur, écrivain et philosophe, pionnier de l’agroécologie, initiateur du Mouvement pour la Terre et l’Humanisme, aujourd’hui mouvement Colibris, l’humanité est dans une posture purement "suicidaire", inconsciente des enjeux. Par défaut d’intelligence collective.(...)

Le destin humain a toujours oscillé ainsi entre « il n’est jamais trop tard » et « il est trop tard ». C’est notre destinée tragique. Mais c’est une destinée que nous nous sommes faite, que nous nous sommes construite. Elle pourrait être autre. Mais pour être autre, il faut de l’intelligence. Et l’humanité n’en a pas.(...)

Nous nous portons atteinte à nous-mêmes à travers la nature car nous avons oublié que la nature, c’est nous. Cette séparation entre la nature et nous, cette dualité, introduit un malentendu selon lequel on pourrait tout détruire et prétendre survivre. C’est simplement de l’inconscience. Le problème est là : allons-nous prendre conscience de notre inconscience ? Tant qu’on ne l’aura pas fait, je pense que l’on va continuer dans cet aveuglement suicidaire. (...)

Tant que l’on n’aura pas renoncé à la sacro-sainte croissance économique indéfinie et illimitée, on sera toujours à adapter cet esprit boulimique, cet esprit insatiable, à la situation. Nous sommes condamnés à mettre des rustines, à raccommoder toutes les déchirures qui se font, plutôt que de remettre en question carrément, de fond en comble, notre raison d’être sur cette planète. (...)

L’humanité a pris le parti de la destruction et de la mort alors qu’elle en a peur. C’est curieux, d’ailleurs, cette espèce d’obstination à servir la mort. Non seulement on ne sert par la vie mais on la détruit. Je suis agriculteur. Les sols sont ma spécialité. Je peux vous assurer que l’agriculture aujourd’hui massacre les sols, massacre les espèces. Tous cela est le fait d’un être humain inintelligent. Il est aujourd’hui dans une forme d’obscurité.