
(...) La concentration de gaz à effet de serre n’a jamais autant augmenté que ces quinze dernières années. Malgré les engagements pris par de nombreux pays, aucune solution concrète ne semble émerger. Le Cnes a rencontré Jean Jouzel, climatologue de renom, afin d’en savoir plus
Pour certains, les problèmes environnementaux qui vont se faire de plus en plus préoccupants au cours du XXIe siècle vont nous pousser à changer radicalement nos modes de vie en adoptant des solutions technologiquement plus durables. Pour d’autres, au contraire, les progrès technologiques, à un rythme sans cesse accéléré, vont nous sauver et même déboucher sur une ère d’abondance sans précédent.
La raréfaction de certains métaux clés ? Il suffit de conquérir les astéroïdes ! Le réchauffement climatique ? Il suffit de se lancer dans la géoingénierie en retirant de l’atmosphère le carbone imprudemment injecté par l’ère industrielle puis de le séquestrer géologiquement. La société canadienne Carbon Engineering (CE) croit à cette solution et développe un prototype de machine. En cas de succès, il faudrait bien sûr pouvoir produire massivement des systèmes de ce genre afin d’espérer en revenir en quelques décennies au taux de CO2 atmosphérique du début du XXe siècle, ce qui n’a rien d’évident.
L’idée existe aussi de mettre à contribution des plantes particulièrement gourmandes en carbone, comme le peuplier, dont la croissance est rapide, éventuellement produites par le génie génétique. Mais cela pose alors le problème de la surface des sols occupée par la culture de ces plantes, cette production se faisant au détriment des cultures vivrières. (...)
Dans le pire des cas, c’est-à-dire des rejets de gaz carbonique sans régulation jusqu’en 2150, même en retirant 90 milliards de tonnes de CO2 chaque années, ce qui est le double des émissions actuelles, l’état de l’océan resterait critique bien après 2200.
Cela ne signifie pas que la géoingénierie ne pourra pas jouer un rôle mais il nous faut dès maintenant infléchir fortement nos émissions de gaz carbonique avant qu’il ne soit trop tard. Un changement de mode de développement est donc inévitable.