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Reconnaissance faciale au lycée : l’expérimentation avant la généralisation
Article mis en ligne le 19 décembre 2018

Le 14 décembre dernier, le Conseil Régional de PACA a voté une mesure visant à faire installer, à partir de 2019, des dispositifs de reconnaissance faciale à l’entrée de deux lycées de Nice et de Marseille. Dès le mois d’octobre, La Quadrature du Net avait demandé à la CNIL la communication des documents en sa possession sur ce dossier, cette dernière ayant été consultée par la région pour la mise en place de ces dispositifs. L’analyse de ces documents, ainsi que les précisions apportées par Christian Estrosi, confirment l’impuissance de la CNIL à enrayer la banalisation d’une technologie particulièrement liberticide et qui vise ici à s’étendre à l’ensemble des établissements scolaires de la région.

De quoi s’agit-il ? En octobre 2017, Renaud Muselier, président de la région PACA, demande les conseils de la CNIL pour la mise en place dans deux lycées de Nice et de Marseille de dispositifs de « portiques virtuels » associant « des moyens classiques d’identification (…) à un dispositif biométrique utilisant des technologies de comparaison faciale, seuls à même d’après nos premières investigations, d’apporter une solution fiable et rapide dans un contexte de contrôle d’accès portant sur un nombre potentiellement élevé de personnes ». Cette nouvelle étape est la suite logique de sa politique sécuritaire ayant conduit, entre 2016 et 2017, à ce que plus de 1 300 caméras de vidéosurveillance soient installées dans l’ensemble des lycées de la région. La technologisation à outrance est également présentée par la région comme une réponse au contexte d’austérité budgétaire : (...)

Ce dispositif constitue une réponse au différentiel croissant constaté entre les exigences de sécurisation des entrées dans les établissements et les moyens humains disponibles dans les lycées, dans le cadre des plans successifs de réduction des effectifs dans la fonction publique (...)

La région PACA présente ainsi à la CNIL son projet visant à « sanctuariser » les entrées et les sorties dans les établissements secondaires. Il s’agit non seulement de reconnaissance faciale mais également d’un dispositif de « suivi de trajectoire » de certains des visiteurs (...)

en laissant se développer ce type de technologies à des buts sécuritaires, sans qu’il ne soit apporté à un seul moment la preuve de la pertinence d’un tel dispositif par rapport au système existant,1 sans même une réelle réflexion sur la nature du consentement que peuvent donner des mineurs à l’égard d’une expérimentation au sein de leur lycée,2 la CNIL participe à la banalisation de ces technologies. Elle devient l’alibi au développement d’une surveillance généralisée qui sera au cœur des « Safe City » qui commencent à essaimer sur le territoire.

Un dispositif qui a vocation à s’étendre à toute la région
Car, sous le qualificatif faussement tranquillisant d’ « expérimentation » mis en exergue par Renaud Muselier et Christian Estrosi, ces derniers souhaitent en réalité, comme ils l’ont eux-mêmes énoncé lors de l’assemblée plénière du Conseil Régional, étendre ce dispositif de reconnaissance faciale à l’ensemble des lycées de la région :

Avec ces deux expériences, une fois que nous l’aurons démontré, nous irons très vite sur la généralisation, à partir du réseau de vidéosurveillance déjà existant, sur lequel il ne nous restera plus qu’à mettre le logiciel qui correspond à l’usage de la reconnaissance faciale par rapport aux caméras déjà installées dans nos établissements scolaires.(...)

L’expérimentation des lycées de Nice et de Marseille s’inscrit donc en réalité parfaitement dans les divers projets que La Quadrature du Net dénonce depuis près d’un an, et qui sont d’ailleurs particulièrement avancés dans ces deux villes (...)

Alors qu’il y a plus d’un mois, nous appelions déjà la CNIL à imposer un moratoire sur le développement de ces technologies, cette dernière semble s’en tenir à une posture attentiste. Nous appelons les syndicats de lycéens et d’enseignants ainsi que les parents d’élèves et toutes celles et ceux révulsés par ces évolutions à s’organiser pour les tenir en échec.