Alors que la Commission copie privée veut étendre, avec un abattement, la redevance aux appareils reconditionnés, les acteurs du secteur estiment que plus de 1000 emplois sont menacés.
Or, le 10 juin, un texte de loi sera présenté à l’Assemblée nationale. Il prévoit une exonération de la RCP pour les appareils reconditionnés. Pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire, cette exonération est une question de survie. Emmaüs Connect, le Secours Catholique, les Ateliers du Bocage, Valor’Emm ont envoyé une lettre aux députés, que le Figaro s’est procurée.
Menace sur les emplois
Ils y expliquent que « cette redevance menacerait leurs activités », avec des impacts lourds dans plusieurs domaines, dont l’emploi. « Plus de 1000 emplois sont en jeu sur les métiers du reconditionnement : des emplois d’insertion pour des publics éloignés de l’emploi et adaptés pour des salariés en situation de handicap. Ajouter une redevance fragiliserait nos modèles qui disposent de marges économiques très limitées ».
Emmaüs Connect met aussi en avant le rôle des smartphones reconditionnés pour favoriser l’inclusion numérique, afin de s’équiper à des prix abordables. (...)
« Il faut bien distinguer les acteurs de reconditionnés français, qui ont des ateliers en France et emploient des personnes sur le territoire, des places de marchés comme BackMarket. Ces dernières ne font que revendre des téléphones qui viennent souvent de l’étranger », précise David Mignot, président et fondateur du reconditionneur français YesYes. Il plaide en outre pour qu’un label « reconditionné en France » soit mis en place. Cela permettrait aussi aux consommateurs d’opter pour les reconditionneurs français, qui privilégient des filières courtes, avec des appareils usagers rachetés sur le marché français, réparés et revendus localement. (...)
« Back Market n’est pas un reconditionneur »
RCube, qui fédère les acteurs français du réemploi et de la réparation, et le Syndicat interprofessionnel du reconditionnement et de la régénération des matériels informatiques, électroniques et télécoms (SIRRMIET) battent aussi le rappel. Ils répondent àla tribune signée par des centaines d’artistes parue dans le Journal du dimanche. « Il est inexact de nous faire dire que nous refusons de respecter le droit européen. La rémunération pour copie privée ne s’applique pas aux supports reconditionnés aujourd’hui. Il n’y aurait donc pas de manque à gagner pour la culture et son financement, qui n’ont jamais reçu d’argent de la part de notre filière, puisque pour le moment seuls les appareils neufs sont assujettis à cette rémunération« . Ils s’inquiètent de « la création d’une nouvelle charge qui pèsera sur les reconditionneurs, pas sur une perte qui pourrait être subie par le secteur de la culture. » (...)
Les smartphones reconditionnés pourraient bénéficier d’une TVA réduite, l’Europe voulant encourager le développement d’une filière porteuse d’emplois locaux. Pour Copie Privée, la baisse de la TVA viendrait compenser l’instauration de la redevance.