Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Acrimed
Réforme de la SNCF (3) : quand les « Grandes Gueules » s’en mêlent
Article mis en ligne le 3 mars 2018

ll faut dire d’emblée que les guets-apens de Pascal Praud ou de David Pujadas, que nous commentions dans un précédent article, font pâle figure à côté des « Grandes gueules » de RMC. Le 16 février, les chroniqueurs en place, largement épaulés par les deux présentateurs, ont rivalisé de vulgarité, de désinformation et de mépris pour faire l’éloge de la réforme et « casser du syndicaliste ». Avec, pour au moins deux d’entre eux, une déception : ça ne va pas encore assez loin.

(...) Un plateau fort masculin qui nous a réservé le pire de ce dont peut être capable une émission de « talk-show » : désinformation et contre-vérités éhontées en plateau, absence évidemment totale de pluralisme, morgue, mépris et violence de classe à leur comble. (...)

Une parole salariée représentée ? Oui, même deux ! Mais voyons dans quelles conditions…

Bruno Doucet, syndicaliste Sud-Rail, est invité à « s’exprimer » en duplex. Il parlera péniblement moins de deux minutes (sur une émission de 32 minutes au total), puis sera remercié par le présentateur. Ce qui ne l’empêchera pas d’être interrompu et agressé par un Gilles-William Goldnadel au zénith ce jour-là (...)

L’arrogance et le mépris des invités en plateau n’auront d’égale que les contre-vérités dont ils useront tout au long de l’émission, en n’ayant notamment de cesse de répéter que les conducteurs de train partent en retraite à 52 ans [5]. (...)

Quoique singulières, « Les Grandes Gueules » ne font pas du tout exception dans le paysage médiatique, encore moins dans le traitement de la réforme de la SNCF par les médias. Teintée (et c’est le moins qu’on puisse dire) de poujadisme, cette émission piétine à l’extrême les règles du journalisme que foulent allègrement aux pieds bien d’autres émissions. Elle s’inscrit ainsi dans la pure continuité de la couverture médiatique à laquelle on assiste depuis des semaines, exhibant des plateaux complètement disproportionnés, ridiculisant avec morgue les syndicalistes invités, acclamant de concert la destruction du service public et la « nécessité de la réforme ».

Mais elle le fait en redoublant de vulgarité, de contre-vérités et de violence. Au gré de « blablatages » de comptoir, ses chroniqueurs de salon fulminent de plateaux en plateaux en s’auto-congratulant de leurs privilèges, et donnent des leçons de sacrifice aux autres en aboyant contre leurs acquis sociaux. Cerise sur le gâteau : ils appellent ça « transgression ».