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Refuser le transfert et accorder à la famille Babayev-Babazade l’asile en France
Article mis en ligne le 2 mars 2019

Monsieur le Préfet de Gironde,

Nous sommes le Comité de soutien de la famille Babayev-Babazade, initié par des enseignants et des parents d’élèves du collège Marcellin Berthelot de Bègles.

Nous vous alertons sur la situation de cette famille originaire d’Azerbaïdjan, dont les deux sœurs aînées sont scolarisées au collège, l’une en 5°, l’autre en 3°. Leur petit frère, âgé de 6 ans, est quant à lui inscrit au groupe scolaire Ferdinand Buisson de Bègles.

On sait que le pouvoir azerbaïdjanais muselle depuis des années toute forme de critique à son égard, les défenseurs de l’expression et des libertés démocratiques sont traqués puis incarcérés.

M. Babayev a été sévèrement sanctionné par les autorités en tant qu’opposant politique. C’est pourquoi la famille a été contrainte de fuir l’Azerbaïdjan en mars 2017, pour se réfugier en Allemagne mais ce pays a refusé leur demande d’asile. La famille a alors tenté de déposer une demande en France, mais la Procédure Dublin ne permet pas aux réfugiés de demander une deuxième fois l’asile dans un nouveau pays Européen. Désormais « dublinée », la famille Babayev-Babazade est sous le coup d’un transfert vers l’Allemagne qui, on ne peut se leurrer, ne réexaminera pas leur dossier et les expulsera vers l’Azerbaïdjan.

Nous nous mobilisons pour cette famille car nous la côtoyons chaque jour et nous sommes convaincus qu’elle mérite notre soutien. Les deux filles aînées en particulier font depuis quelques mois partie de notre commune au sein du collège Berthelot. Dès leur arrivée en classe d’UPE2A, classe d’accueil dans laquelle on leur enseigne le français, les deux jeunes filles ont manifesté leur désir de s’intégrer et d’apprendre, en dépassant leurs traumatismes passés et leurs difficultés quotidiennes. Au sein du collège, elles profitent pleinement de l’opportunité qui leur est offerte d’apprendre la langue française. Leurs progrès rapides leur permettent déjà de suivre certains enseignements en classe ordinaire et de tisser ainsi de nouvelles amitiés avec des enfants de leur âge.

A tel point qu’il n’aura fallu qu’une demi-journée pour permettre à leurs camarades de classe de réunir 200 signatures de collégiens. Bien que sans valeur juridique, cette pétition d’enfants revêt à nos yeux une signification symbolique très forte. Elle est également révélatrice de l’empathie que suscitent ces jeunes filles, tout comme de la capacité de nos enfants à défendre l’idéal de liberté, de tolérance et de fraternité que porte notre pays et qui est affiché aux frontons de nos écoles et de nos mairies.

Lors des conseils de classe du premier trimestre, l’ensemble des enseignants a salué le sérieux et l’implication exemplaire dont ces deux jeunes filles avaient fait preuve. Investies dans plusieurs projets pédagogiques, les deux sœurs sont résolument tournées vers l’avenir : elles vont présenter au printemps prochain le diplôme du DELF niveau A2 du CECRL (Cadre européen de référence), et comme toutes les élèves de son âge, l’aînée qui ambitionne de devenir architecte, commence à réfléchir à son orientation au lycée et prépare son stage de 3°.

Courageuses et intelligentes, ces deux jeunes filles présentent toutes les garanties pour devenir de futures citoyennes intégrées, conscientes de leurs devoirs et de ce qu’elles doivent à la France. Tout ce qu’elles ont accompli depuis qu’elles ont quitté l’Azerbaïdjan et tout ce que nous avons pu découvrir d’elles depuis leur arrivée à Bègles, nous incite à penser que notre pays ne pourra que se féliciter plus tard d’avoir accueilli ces jeunes filles et leur famille, en leur laissant la possibilité de construire une vie plus digne, parmi nous. C’est également loin de la violence et des injustices rencontrées par cette famille en Azerbaïdjan que leur petit frère pourra retrouver un environnement adapté au développement d’un enfant en bas âge.

C’est pourquoi nous espérons que vous considérerez ce dossier avec la plus grande bienveillance.

Par cette pétition, nous, comité de soutien de la famille Babazade, vous demandons :

 De ne pas exécuter le transfert de la famille vers l’Allemagne dans la cadre de la Procédure Dublin,

 D’accorder à la famille Babayev-Babazade l’asile en France.

Sûr-e-s de pouvoir compter sur les valeurs républicaines qui vous animent,

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