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le Monde Diplomatique
 » Regards sur la surveillance de masse
Article mis en ligne le 3 février 2014
dernière modification le 30 janvier 2014

La surveillance, dont traite cette livraison de Manière de voir (1), aime à rester discrète. La National Security Agency américaine fonctionna pendant près de quarante ans sans que son existence soit divulguée au public. Pourtant, au début de l’année 2014, il est difficile pour un individu, même moyennement informé, de ne jamais avoir entendu le sigle NSA. Les documents divulgués par M. Edward Snowden ont en effet déclenché des torrents d’indignation en révélant que l’agence se livrait à un espionnage électronique de masse, visant tant le simple citoyen que les dirigeants d’un certain nombre d’Etats pourtant alliés des Etats-Unis.

(...) M. Obama détruit ensuite sans ciller le principal mode de légitimation de ces pratiques : l’antiterrorisme, au nom duquel elles ont été mises en place — particulièrement après les attentats du 11 septembre 2001 —, n’y occupe en réalité qu’une part marginale. Sans probablement le savoir, il dessine ainsi les lignes de tension qui structurent les articles de ce Manière de voir : l’adaptation de l’espionnage et de la surveillance à la révolution informatique de la fin du XXe siècle ; l’usage de la technologie comme instrument de gouvernement.

L’extraordinaire prolifération des données numériques représente une aubaine pour les institutions sécuritaires. La technologie peut désormais prolonger et démultiplier les capacités humaines. Les caméras de vidéosurveillance donnent de multiples yeux aux agents qui les regardent ; les satellites offrent un point de vue unique sur la planète ; et les réseaux sociaux concentrent parfois en un seul lieu des informations qu’il aurait été coûteux de rassembler.

Mais la révolution numérique constitue également un défi, puisque la volonté de contrôle de ces institutions est compliquée par l’extraordinaire masse d’informations disponibles. (...)

Logiques sécuritaire et commerciale ne se superposent jamais complètement, mais la constante circulation de l’une à l’autre pose question. (...)