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les eaux glacées du calcul égoïste
Relance de l’irrigation : la colère des chercheurs
Article mis en ligne le 17 août 2017

Après le drame de Sivens, le ministère de l’Ecologie avait commandé une expertise collective sur l’impact cumulé des retenues d’eau sur les milieux aquatiques à l’INRA, l’IRSTEA et l’ONEMA. Rendue publique en mai 2016, cette expertise soulignait l’absolue nécessité d’engager des recherches multidisciplinaires très étendues avant toute décision de création de nouvelles retenues. Précaution que Nicolas Hulot, Stéphane Travert et Emmanuel Macron viennent de fouler aux pieds en cédant au diktat de la FNSEA. Dans la communauté scientifique, l’incompréhensiuon le dispute à la colère.

La conclusion de l’expertise collective conduite par l’INRA, l’IRSTEA et l’ONEMA, que nous reproduisons ci-dessous en fichier joint, est sans équivoque :
« L’expertise a mis en évidence la faiblesse des connaissances sur l’effet environnemental cumulé des retenues. Très peu d’études abordent l’influence cumulée des retenues sur l’ensemble des différentes caractéristiques fonctionnelles considérées dans l’expertise, bien que celles-ci interagissent fortement.
La présence de retenues sur un bassin versant modifie l’ensemble des caractéristiques fonctionnelles. Cette modification constitue un problème dès lors qu’elle affecte un cours d’eau déjà fragilisé.
L’évaluation de la significativité des effets sur un bassin suppose donc d’identifier les enjeux sur ce bassin, et de caractériser son état au vu de ces enjeux. Une démarche en deux étapes, correspondant à deux échelles emboîtées, permettrait de caractériser un bassin versant dans son ensemble, en identifiant les sous-bassins les plus fragilisés et les enjeux associés, avant d’aborder l’évaluation des effets cumulés de nouveaux projets sur ces sous-bassins. ( ...)

Le déficit de données et connaissances constaté limite le nombre d’indicateurs pertinents ou de méthodes validées qui permettraient d’emblée de caractériser l’influence d’un ensemble de retenues sur un bassin versant, voire d’anticiper l’effet de la construction de nouvelle(s) retenue(s).

L’analyse effectuée permet l’élaboration d’un cadre méthodologique pour aborder la question de l’effet cumulé des retenues sur un bassin versant donné, qui constituera l’objet de la phase opérationnelle, à la suite de cette ESCo. (...)

La colère des chercheurs

Eaux Glacées a tenté de recueillir les réactions de plusieurs chercheurs spécialistes du sujet. Difficile certes en plein mois d’août, mais ce qui frappe d’emblée, outre une incompréhension et une colère non dissimulées, c’est un refus général de s’exprimer ouvertement, l’atmosphère qui règne dans les milieux concernés en ce début de mandat.
« Le nouvel exécutif a promis de mettre en oeuvre un véritable « spoil system » dans toutes les administrations centrales. Leur incompétence manifeste sur le sujet laisse augurer d’une gestion à la schlague si leurs décisions ineptes sont contestées par celles et ceux qui ont compétence pour le faire », confie un spécialiste des sciences sociales.
Pour cette chercheuse en hydrologie, le nouveau pouvoir s’est d’emblée précipité dans une impasse. (...)

« Il suffit de voir quels profils ont été sélectionnés, au cabinet, à l’Elysée et à Matignon. Seuls le climat et la biodiversité ont droit de cité. Le pire c’est qu’un tout petit groupe poursuit en réalité un seul objectif : la mise en œuvre de nouveaux dispositifs de financiarisation généralisée des actifs naturels. Une spéculation sans précédent qui va envoyer les politiques environnementales dans le mur. »
Pour cet autre, syndicaliste, c’est la colère qui l’emporte : « Les personnels de l’environnement, au sein de l’Etat et dans les établissements, étaient déjà au bout du rouleau, placés depuis des années dans l’impossibilité de conduire correctement leurs missions. Là, on voit débarquer les petit(e)s marquis(e)s arrivistes de la génération Grenelle, qui commencent à s’acoquiner avec leurs homologues de la finance et du numérique pour prendre le pouvoir partout. Alors tout céder à la FNSEA ne leur pose aucun souci. Ils ne sont même pas conscients qu’on va ce faisant au-devant de graves problèmes avec l’Europe, sans parler des réactions sur le terrain avec une centaine de nouveaux Sivens portés sur les fonts baptismaux ! »

Pour un autre acteur du dossier, le gouvernement va au-devant de graves conflits (...)