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MAN
Renoncer unilatéralement à l’arme nucléaire
Jean-Marie Muller Philosophe et écrivain
Article mis en ligne le 25 mai 2014
dernière modification le 19 mai 2014

Voila une "supplique" d’un militant du MAN à l’attention du Pape. Cette lettre s’inscrit dans la campagne que mène le MAN pour un désarmement nucléaire de la France, et de tous les pays du monde plus généralement. Nous incitons toutes les personnes à interpeller les autorités morales sur ce sujet du désarmement nucléaire.

" À un monde de violence et d’injustice, au monde de la bombe atomique, on ne saurait déjà plus rien opposer que la révolte des consciences, du plus grand nombre de consciences possible. "
Georges Bernanos
18 mars 1946

En ce dimanche de Pâques
20 avril 2014

Cher François,

Je dois avouer que j’ai beaucoup hésité à vous écrire cette lettre. Pendant longtemps, j’ai été soumis à la tentation de me taire, en pensant que ma parole serait jugée à la fois prétentieuse et inopportune. Si je me décide aujourd’hui à m’adresser à vous c’est par obligation de conscience. Par cette obligation de conscience qui m’a conduit voilà bien des années à me forger la conviction que l’enjeu de la dissuasion nucléaire, fondée sur la préméditation d’un crime contre l’humanité, est le sens même de la civilisation. Si je prends le risque de vous écrire, c’est essentiellement pour vous exprimer cette conviction d’un vieil ami de la non-violence auquel il arrive parfois de désespérer. (...)

Aujourd’hui, comment les évêques pourraient-ils ne pas se scandaliser de voir de nombreux pays remplis de fusées et de missiles, remplis de faux dieux, et ne pas annoncer le jour où des peuples nombreux transformeront les dépenses nucléaires en investissements sociaux en faveur des plus démunis ? Quand tout est dit, l’arme nucléaire n’est pas une arme légitime de défense, mais une arme criminelle de terreur, de destruction, d’anéantissement et de dévastation. Elle n’appelle d’autre alternative que sa suppression. Comment alors ne pas penser que ceux qui se réclament de l’Évangile ont la stricte obligation d’affirmer de manière unilatérale que la dissuasion nucléaire, qui est fondée sur la préméditation d’un crime contre l’humanité, n’est ni moralement, ni politiquement, ni stratégiquement, ni économiquement acceptable ? Car l’essence même de l’exigence de la paix évangélique est d’être unilatérale. Dans un monde malade de désespérance, il deviendrait alors possible d’espérer briser l’idole nucléaire et de retrouver le chemin de la fraternité humaine au-delà des envies criminelles des États nucléaires.

C’est avec confiance que j’ose soumettre ces quelques réflexions à la bienveillance de votre attention.

Je vous prie de croire à mes sentiments respectueux et cordiaux..