
Le bilan 2015 que brosse Reporters Sans Frontières est pour le moins inédit : la France devient le troisième pays le plus meurtrier au monde, pour les journalistes. Bien évidemment, la tuerie survenue chez Charlie Hebdo le 7 janvier dernier explique cette situation, et comment le pays peut devenir le troisième plus meurtrier au monde.
« Une tragédie inédite : jamais un pays occidental n’avait connu une telle hécatombe. Depuis le mois de janvier, les journalistes ou collaborateurs de Charlie-Hebdo vivent sous haute protection. Certains se voient encore aujourd’hui contraints de changer régulièrement de logement. La journaliste chargée des questions de religion et d’islamisme expliquait en mai dernier qu’elle vivait tantôt à l’hôtel tantôt chez des proches. Elle insistait sur la difficulté d’exercer son métier avec de telles menaces, et notamment sur l’impossibilité de faire des reportages sous escorte policière », indique le rapport de RSF.
En 2014, deux tiers des reporters avaient été tués dans des zones de conflit. Mais au cours de cette année, la proportion est totalement inversée. Les deux tiers des journalistes tués vivaient en période de paix. Le 8 octobre, le directeur de Charlie Hebdo, Riss, déclarait : « Nous n’avons quasiment jamais envoyé de journalistes en zone de guerre (...). Le 7 janvier, c’est la guerre qui est venue à nous. » De quoi illustrer cette situation.
Ils sont cette année 110 à avoir péri, que ce soit dans l’exercice de leurs fonctions, dans un assassinat prémédité ou sans motif encore défini. Deux femmes, une en Somalie, une autre en France (Charlie, toujours, encore et toujours) sont recensées cette année.
« Il est impératif de mettre en place un mécanisme concret pour l’application du droit international sur la protection des journalistes », déclare Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation. (...)