Le CADTM reproduit ci-après un résumé des propositions de Syriza en vue des prochaines élections en Grèce. Ce texte rédigé par un militant de Syriza France permet aux lecteurs et lectrices francophones de se faire une idée de ce que propose la Coalition de la Gauche radicale en Grèce (Syriza). Le CADTM, qui s’est toujours trouvé aux cotés de la population grecque luttant contre les politiques d’austérité et les graves atteintes aux droits sociaux et démocratiques, fera de nouveau tout pour alerter la gauche et les mouvements sociaux en Europe et au-delà afin de les mobiliser dans un vaste mouvement de solidarité avec la population grecque qui résiste et lutte pour se libérer du fardeau d’une dette qui non seulement n’est pas la sienne, mais qui est aussi manifestement largement illégitime, illégale ou odieuse. Le CADTM considère que la constitution d’une commission internationale et citoyenne d’audit de la dette grecque, chargée d’identifier la part illégale et/ou illégitime ou odieuse de cette dette qu’il ne faudrait pas rembourser, ferait presque partout des émules et mettrait à l’ordre du jour la répudiation de la dette illégitime et/ou illégale de tous les pays de la périphérie européenne...
Ce qui a été dit à Thessalonique, l’engagement de SYRIZA auprès du peuple grec
Le 13 septembre 2014, à l’occasion de l’exposition commerciale internationale annuelle de Thessalonique, le président de SYRIZA Alexis Tsipras a annoncé les mesures-phares que la Coalition de Gauche Radicale – SYRIZA – entend appliquer dès les premiers jours de son investiture au gouvernement de la Grèce, espérée, annoncée par les sondages d’opinion et rendue nécessaire par le désastre (...)
Les déclarations d’Alexis Tsipras condensent la politique de SYRIZA pour une sortie de crise de la Grèce, au bénéfice des classes populaires et en prenant appui sur l’économie réelle du pays qui doit être revalorisée. Il s’agit d’un cahier de charges cohérent fondé sur quatre piliers : le traitement de la crise humanitaire, le redémarrage de l’économie réelle, la restauration de l’emploi avec les garanties d’un droit du travail revigoré et consolidé, la refonte citoyenne des pouvoirs de l’État.
Compte tenu que SYRIZA prévoit que, au moins pendant la première partie de la gouvernance anti-austéritaire les relations avec les bailleurs risquent d’être tendues, le coût des mesures est calculé tel qu’elles puissent être réalisées à « budget équilibré » c’est-à-dire sans qu’un recours à l’emprunt soit nécessaire.
Ce cahier de charges est encadré de 27 propositions thématiques de programme, le tout constituant un corpus d’environ 600 pages, qui développent et illustrent le concept de « restructuration de la production » vocable utilisé par SYRIZA pour la sortie de crise dans le sens de l’intérêt des classes populaires.
Treize programmes régionaux pour chacune des régions de la Grèce sont actuellement en voie d’élaboration par autant de conférences régionales du parti. (...)
Il est clair que même ce vaste projet est loin d’épuiser les visées stratégiques de SYRIZA qui sont « le socialisme dans la démocratie et la liberté », « le monde où l’humain et ses besoins sont au dessus des profits et où le profit ne sera plus la force motrice de l’économie », le monde où « les travailleurs sont en position de planifier, de diriger et de protéger par leurs organes démocratiquement élus la production en l’orientant vers la satisfaction des besoins sociaux » telles qu’elles sont stipulées dans la déclaration de son 1er Congrès fondateur.
Il est toutefois prévisible que l’application des mesures du programme de Thessalonique pour la sortie de crise en faveur des classes populaires vise à rendre au peuple grec, notamment aux plus défavorisés, les moyens de survivre, de travailler, d’espérer, d’inventer, d’accéder à une citoyenneté élargie et de l’investir afin que ce peuple devienne le levier puissant de la transformation profonde populaire et citoyenne de la société.
Il est certain que la mise en place d’un tel programme n’est pas concevable sans le traitement de la question de la dette aussi bien celle de l’Etat que de la dette privée et SYRIZA – Coalition de Gauche Radicale – propose dans ce sens des voies de sortie pour libérer la société grecque de la férule que lui a imposé le capital usurier et ses représentants institutionnels nationaux et internationaux.
Ce à quoi un projet de reconstruction doit faire face : le funeste héritage de l’austérité néolibérale
Les politiques d’austérité dictées par la troïka (Commission, BCE, FMI) en échange des dits « plans d’aide » ont plongé le pays dans le plus grand désastre connu de son histoire en temps de paix. L’axe de référence de l’ensemble de ces mesures « l’équilibre budgétaire » a été appliqué de manière autoritaire dans l’indifférence de son impact sur l’économie réelle et sur la société, par des instances supranationales et des gouvernements serviles sous l’hégémonie idéologique et financière de la droite allemande.
Les dits plans d’aide à la Grèce ont servi majoritairement à rembourser les banques européennes, créancières de l’Etat grec, alors que l’économie, la société, le peuple grec n’ont nullement profité. Le prétexte affiché pour l’application de l’austérité, la réduction de la dette grecque s’est vite avéré fallacieux. (...)