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Rétention du père, fausse couche de la mère, pas de quoi être fier…
/Charlie Hebdo
Article mis en ligne le 21 mars 2014

Souhaibou(1) fuit la Guinée-Conakry il y a huit ans pour la France. En situation irrégulière, il vit à Poitiers depuis trois ans avec sa compagne, Bintou(1), également guinéenne, et leur petit garçon né en avril 2012 dans la capitale poitevine. Le jeune couple attend un second enfant.

Le 23 décembre dernier, Souhaibou est interpellé dans la rue. La chasse aux sans-papiers effrénée à laquelle se livrent les préfets de Valls pour satisfaire les ambitions de leur maître produit très vite ses effets : une obligation de quitter le territoire français (OQTF) est immédiatement notifiée au jeune homme et, dans la foulée, on l’envoie derrière les barreaux du centre de rétention (CRA) de Bordeaux. Le tribunal administratif confirme l’OQTF, et le juge des libertés et de la détention (JLD) prolonge son enfermement, bien que Souhaibou ait fourni tous les documents attestant de la réalité de sa vie commune avec Bintou.

La confirmation de la rétention de son compagnon bouleverse la jeune femme, qui, victime d’une fausse couche, perd l’enfant. Souhaibou a beau transmettre au JLD, lors de son second passage devant celui-ci, un certificat médical attestant de l’état de santé de la malheureuse mère, le tribunal prolonge une nouvelle fois sa rétention. Et même si, le 24 janvier, la Cimade sollicite du secrétaire général de la préfecture de la Vienne l’annulation de l’OQTF et le retour de Souhaibou auprès de sa famille en lui envoyant les preuves médicales de la fragilité de Bintou, Souhaibou reste enfermé au-delà des grillages du CRA.

Le 24 janvier, on prévient au dernier moment le jeune homme de son expulsion le jour même vers la Guinée. Désespéré et pris de panique, il hurle son refus de partir, menace de se suicider et finit par se jeter contre les murs, où il se fracasse un bras. Le personnel du CRA tente de calmer sa terreur contre un système qui l’envoie loin des siens et de sa vie, mais il se débat et aggrave sa fracture. Son désespoir et la violence de la scène impressionnent le médecin de garde, qui décide que l’état de santé du blessé est devenu incompatible avec la rétention. Il le fait admettre au service orthopédique de l’hôpital Pellegrin, à Bordeaux, où il est opéré dans la matinée du 25 janvier.

Souhaibou est aujourd’hui « libre », sa rétention a été levée. Mais quel bilan !