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Retour sur les entretiens présidentiels : qui invite qui ?
Article mis en ligne le 4 mai 2018

Les entretiens d’Emmanuel Macron des 12 et 15 avril 2018, respectivement diffusés sur TF1 et sur BFMTV, RMC et Mediapart, ont suscité des discussions animées au sein des médias et au-delà. (...)

que les intervieweurs soient indulgents ou inflexibles, obséquieux ou fermes, la question de l’intérêt même de ce type d’entretien se pose.

(...) Pour le dire crûment : doit-on accepter d’être invité par l’Élysée pour interviewer le président de la République ?

Après coup, l’animateur de TF1 et celui de RMC ne sont pas revenus sur la construction de ces entrevues. Et ils ont peu commenté les analyses qui en ont été faites ensuite. Seuls Mediapart et Edwy Plenel lui-même ont justifié et disséqué leur participation au jeu présidentiel. Retour (critique) sur ces introspections. (...)

la rédaction de Mediapart revient sur les tergiversations qui l’ont animée : « Alors que faire ? (…) Comment un journal comme Mediapart, qui dénonce avec constance le présidentialisme et le fonctionnement de la Ve République, peut-il se plier à cet exercice convenu de l’interview présidentielle, symbole par excellence de la dérive monarchique du pouvoir ? (…) Comment subvertir ce dispositif anti-démocratique, et toutes ses contraintes ? »

Pour répondre à ces questions élémentaires, une seule réponse s’imposait : en refusant de participer à la mascarade présidentielle. Était-il en effet vraiment nécessaire d’être partie prenante de « la campagne de com’ de Macron » comme le souligne par exemple le SNJ-CGT dans son communiqué du 10 avril 2018 ? (...)

« La question qui se pose aux journalistes est de savoir s’ils doivent accepter d’être choisis par le président de la République, s’interrogeait déjà Serge Halimi dans Pas vu, pas pris. Est-ce qu’il est normal que le président de la République prenne une liste et en fonction de ses priorités de communication, des conseils que lui donnent les conseillers qui l’entourent, choisisse untel ou untel pour favoriser une nouvelle communication qui permette de brouiller son impopularité ? » En regardant bien, la réponse est dans la question.

En somme, ces journalistes-là sont les faire-valoir (impertinents ou pas) du président et leur image (impertinente ou pas) est utilisée pour servir la sienne. (...)

Les entretiens télévisés avec le chef de l’État sanctuarisent sa parole et servent sa communication depuis la création de la Ve République. La complaisance et l’obséquiosité des journalistes préposés à cette tâche y ont toujours largement contribué. Mais comme on vient de le voir, la ténacité et l’impertinence des intervieweurs ne sont pas principalement en cause, et c’est le simple fait que le président sélectionne ses journalistes qui pose un véritable problème. (...)