Le mois de novembre dernier a marqué la fin de l’innocence. La vice-première ministre suédoise Åsa Romson a fondu en larmes en annonçant que son pays, l’une des nations européennes ayant accepté le plus grand nombre de demandeurs d’asile par habitant au cours des dernières années, mettait fin à sa politique d’ouverture envers les migrants.
Le pays était alors submergé par l’arrivée de jusqu’à 10 000 demandeurs d’asile par jour. Il s’agissait du premier signe annonciateur d’un changement de perspective politique. Peu de temps après, des contrôles frontaliers temporaires ont été introduits sur le pont de l’Øresund, qui relie Copenhague et Malmö, la troisième ville suédoise. Les contrôles frontaliers se sont étendus au Danemark et la police a éventuellement renforcé de manière significative les déploiements de gardes-frontières dans le sud du pays.
Ces mesures ont permis de diminuer de manière significative le nombre de nouvelles arrivées. Malgré tout, le gouvernement se prépare à adopter une série d’amendements majeurs modifiant la Loi suédoise sur les étrangers. Ces amendements réduiront l’accès des demandeurs d’asile potentiels au statut de réfugié à part entière, à la résidence permanente et à la réunification familiale.
Toutes ces mesures sont dites « temporaires », mais elles s’inscrivent dans la nouvelle norme européenne. La réputation de la Suède comme une terre d’accueil pour les réfugiés est gravement mise à mal.
« La Suède a une longue tradition d’accueil des réfugiés. Je crois que c’est quelque chose dont sont très fiers de nombreux Suédois, qu’ils soient de gauche ou de droite », a dit Martin Holmquist, responsable du service étranger du journal Fria Tidning. « La décision prise en novembre a été un moment clé dans le basculement de la gauche vers la droite. » (...)