
Le monde nous semble emporté par une tornade folle, faite de violence, d’égoïsme, d’irrationalité.
La guerre en Syrie déverse son flot quotidien de crimes contre l’Humanité, la dérive politique américaine fait peser sur l’économie mondiale une épée de Damoclès qui ne tient qu’à un fil fatigué, la pollution en Chine interdit la circulation dans une ville entière, le piège de Fukushima déverse chaque jour un peu plus d’eau contaminée dans le Pacifique, sans que la communauté internationale ne veuille changer la donne ni considérer cette catastrophe pour ce qu’elle est : un danger pour la planète entière.
Mais vous me direz, c’est loin, ce n’est pas chez nous, on n’y peut rien.
Depuis quelques semaines, le climat de notre pays est lui aussi enclin aux tempêtes : de Léonarda à la taxation des livrets A, de l’écotaxe à la grève des clubs de foot, l’œil rivé de Lampedusa à la place Beauvau, tout paraît nous entrainer vers une incapacité à agir, sauf qu’en sourdine, la colère gronde. Plus grave encore, il semble que l’action politique perde de sa légitimité sans que rien ne puisse changer le cours des choses.
Dans Histoire d’un Allemand de Sébastien Haffner, entre la crise financière et la crise politique, relire l’Histoire des années 30 en Allemagne me donne des frissons dans le dos. Nous ne pouvons accepter que l’Histoire bégaie comme quelque chose d’inéluctable, nous devons agir maintenant.
Au sein de la fondation Danielle Mitterrand, nous nous posons donc inévitablement ces questions :
Comment agir pour redonner du bon sens à notre projet de société ?
Comment agir pour que la politique reprenne ses droits et que nous ayons ensemble l’ambition nécessaire pour offrir à nos enfants une société pérenne pour demain ?
Comment agir pour qu’émerge réellement, notamment dans les médias, une vision positive, constructive, issue des milliers d’expériences locales qui fleurissent aux quatre coins du pays, aux quatre coins du monde ?
Si la démocratie se construit effectivement aux détours de nos villages, de nos départements, de nos régions, en lien avec les citoyennes et les citoyens, l’Etat apparait lui de plus en plus déconnecté des Français. Ce n’est pas avec une élection tous les 5 ans que nous pourrons remédier à cette mise en question de la démocratie.
Faut-il attendre une révolution bretonne pour imaginer un autre projet de société, faut-il attendre une guerre pour retrouver des valeurs humanistes ? Pour avoir vécu la dernière révolution malgache en direct, je n’ai aucune envie d’imaginer une révolution chez nous, car je sais ce qu’elle transporte inévitablement de violences et d’injustices.
Alors construisons maintenant. Ouvrons des espaces de dialogues réels, inspirons-nous de ce qui se passe ici et ailleurs, fédérons les énergies pour que le positif surgisse du marasme ambiant, appuyons-nous sur nos biens communs pour construire, par le consensus citoyen, des politiques publiques libérées des lobbys, des égos et des enjeux financiers à court terme. (...)