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Rue89 Bordeaux
Rien n’empêche l’avènement de la voiture en commun
Constance de Peyrelongue, présidente de Citiz Bordeaux et Nicolas Guenro, directeur général de Citiz Bordeaux
Article mis en ligne le 9 décembre 2017
dernière modification le 8 décembre 2017

Passer de 1,2 personne par voiture à 1,5 sur la rocade permettrait de faire baisser immédiatement le trafic de 20%. Plutôt que de céder à la « tentation du bitume », il est temps de consacrer des moyens aux changements de comportement, écrivent les responsables de Citiz Bordeaux, sa présidente Constance de Peyrelongue et son directeur général Nicolas Guenro (également conseiller municipal socialiste). Le développement de la « voiture en commun » (autopartage et covoiturage) et du télétravail sont des enjeux écologiques, mais également de réappropriation du temps et de l’espace public, cannibalisés par la voiture.

Difficile d’imaginer objet plus symbolique du siècle passé que l’automobile : toute à la fois utile, polyvalente, et symbole de liberté, elle a modelé nos territoires et imprimé sa marque dans nos modes de vie. De l’industrie cinématographique aux centres commerciaux, des congés payés au rêve pavillonnaire, tout dans la sacro-sainte « bagnole » accompagne l’évolution de la société française depuis le milieu du 20e siècle.

Aujourd’hui encore, avec 40 millions de véhicules en circulation pour 40 millions de titulaires du permis de conduire, la voiture reste omniprésente : on peut même dire, sans mentir, que la « chasse aux voitures » souvent annoncée est une chasse assez discrète pour l’instant… !

A l’instar du pétrole, dont les qualités énergétiques exceptionnelles ont un contrecoup en termes d’émission de CO2, le succès de la voiture individuelle a lui aussi ses effets négatifs : occupation massive de l’espace public, allongement des temps de trajets domicile-travail, embouteillages, pollutions et réchauffement climatique.

Alors, que faire de cet objet pratique mais encombrant : continuer à le promouvoir en oubliant les travaux du GIEC et l’appel récent des 15 000 scientifiques pour sauver la planète ? Ou lui déclarer la guerre au risque d’un déni de réalité dans une France aux 36 000 communes ?

Nous pensons qu’il existe une autre solution, collective, qui consisterait à transformer la voiture individuelle en une « voiture en commun » à travers deux modes alternatifs à la voiture solo : l’autopartage (partage de l’usage d’une voiture) et le covoiturage (partage d’un trajet). Cette solution permettrait de concilier notre histoire commune autour de l’automobile et la nécessité de changer nos comportements tout en répondant aux besoins de déplacements.

C’est une révolution globale qui modifierait en profondeur à la fois nos territoires, nos schémas de liens sociaux habituels, nos routes et notre air (...)

Les études montrent qu’un véhicule en autopartage remplace 10 véhicules individuels sur la chaussée… libérant ainsi 9 places de stationnement. (...)

Récupérer de l’espace en ville c’est aussi permettre à l’enfant d’y retrouver une place : c’est en effet l’automobile, son emprise et ses dangers, qui, en un siècle, a cantonné l’enfant urbain dans les espaces privés ou les parcs clos…

L’autre effet de l’autopartage c’est une baisse de 41% du nombre de kilomètres parcourus en voiture, au profit des modes actifs (vélo – marche) et des transports collectifs (train – tram- bus…). (...)

A l’heure du numérique, comment expliquer que des milliers de salariés soient lancés chaque jour sur les routes pour aller… allumer un ordinateur ?!? (...)

si le risque d’isolement (ou de distraction) est trop fort à la maison, il y a suffisamment d’initiatives autour des « Tiers Lieux » pour que le télétravail devienne une habitude très répandue.

La voiture, transport en commun du futur ?

L’autre solution, la plus massive, celle qui peut avoir le plus d’impact sur les bouchons et notre rapport à l’automobile, c’est bien sûr le covoiturage. (...)

Notre proposition est la suivante : créer des ZIC (Zones d‘Incitation au Covoiturage ) sur tous les axes routiers problématiques. Des cours bordelais à la rocade en passant par l’A63, la N89, l’A10 ou la D2215… (...)

Changer nos habitudes, une révolution douce

Autopartage… télétravail… covoiturage… 3 solutions « comportementales » aux problèmes multiples posés par la voiture individuelle. Trois manières aussi de se tourner vers l’avenir sans tourner le dos au passé.

Après la voiture individuelle, l’avenir est pour nous à la « voiture en commun » : un nouveau rapport à l’objet-automobile, considéré, plus modestement qu’aujourd’hui, comme un simple outil ou un « transport en commun de proximité ». (...)

Alors comment financer tout ça, puisque ça nécessitera forcément des moyens ? La bonne nouvelle nous vient du FPS (forfait post stationnement qui remplacera le PV de stationnement à partir du 1er janvier 2018) : les produits du FPS sont désormais mobilisables pour le développement de… l’autopartage et du covoiturage !

Liberté individuelle vs intérêt collectif

Il y a cependant un préalable à tout ça et il faut bien aborder la question qui fâche, centrale et pourtant si peu débattue : l’articulation entre la liberté individuelle de chacun (et donc celle de prendre SA voiture quand ON l’a décidé) et nos contraintes collectives. Cette question touche tous les domaines de la crise environnementale (déchet, mobilité, habitat, biodiversité, démographie etc…) : choisir entre le désir de l’individu et l’intérêt du groupe.

Serons-nous cigales ou fourmis ? (...)