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Regards
Rony Brauman : « Une intervention militaire ne ferait qu’alimenter la violence »
Article mis en ligne le 28 juillet 2012
dernière modification le 27 juillet 2012

Rony Brauman, professeur à Sciences politiques et ancien président de l’Ong Médecins sans frontières, s’oppose à une intervention militaire étrangère en Syrie. Et récuse la fausse alternative entre cette option "lybienne" et l’attentisme.

(...) Je n’ai pas une position anti-interventionniste de principe et ne suis pas un pacifiste radical. Je pourrais soutenir des interventions, et je l’ai déjà fait par le passé, dans la mesure où elles ont des objectifs clairs, qu’elles sont limitées dans le temps et qu’un succès est possible. Par exemple, au Timor en 1999 ou au Sierra Leone en 2000, des interventions ont eu lieu, pour protéger des populations et un gouvernement élu, qui ont été efficaces. Sur des territoires très limités, avec un objectif limité, des interventions étrangères peuvent être utiles. (...)

Cette région est en permanence au bord du précipice. Aujourd’hui, il est clair qu’en Syrie, une intervention militaire extérieure ne ferait qu’alimenter une spirale ascendante de violence et aggraver le problème. On doit s’abstenir d’intervenir militairement et, malgré la tragédie, faire preuve d’un minimum de distance et de froideur. Si on avait une solution bénéfique pour l’économie de la vie, même si elle était contestable juridiquement et politiquement, bien sûr, je me prononcerais pour. Mais je ne pense pas qu’en intervenant on limitera le nombre de morts. Regardez la Libye, où a eu lieu une intervention extérieure, un bilan officiel du CNT fait état de 30 000 morts, et beaucoup estiment qu’il est plus élevé. C’est déjà deux fois plus qu’en Syrie. Dans le cas syrien, on est en fait devant une fausse alternative : la bonne solution – l’intervention militaire – serait inatteignable à cause de ces « salauds de Russes » ; et on serait donc condamné à l’attentisme. Mais cette équation est fausse car la solution militaire, je l’ai dit, n’en est pas une. À moins de croire, comme BHL, que le monde est simplement divisé entre gentils et méchants et qu’il faut en finir avec les méchants. À partir de là, les recours, c’est utiliser l’ensemble des moyens non-militaires à notre disposition, étatiques et non-étatiques : embargo sur les armes, sanctions économiques, la CPI si c’est possible, les condamnations répétées. Et pour la société civile, l’éventail des manifestations, protestations, tribunes, pétitions, etc.
(...)

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