 
	Dire l’urgence
et reconstruire l’Espoir
Nous ne pouvons pas rester sans rien dire. Nous ne pou-
vons pas rester sans agir. Aujourd’hui, l’esprit se révolte 
contre le sort qui est promis à l’homme.
Crise sociale, crise financière, crise écologique, crise 
démocratique… dans tous ces domaines,  nos sociétés 
approchent d’un point de rupture, d’un point de non-re-
tour. Après 30 ans de laisser-faire, après 5 ans de crise 
financière, nous arrivons à un moment crucial. Comme 
l’écrivent Stéphane Hessel et Edgar Morin 
1, « mainte-
nant nos sociétés doivent choisir : la métamorphose ou 
la mort. »
Dans tous les domaines (emploi, écologie, démocra-
tie, éducation, culture, logement, santé, relations Nord-
Sud…), de nombreuses associations, des élus et des 
citoyens agissent déjà avec force et intelligence. Si nous 
créons aujourd’hui un collectif nouveau, c’est parce que 
nous pensons qu’il est urgent d’agir pour éviter un effon-
drement économique. Car un tel effondrement pourrait 
amener à un chaos qui rendrait vaines toutes les actions 
entreprises dans les autres domaines.  
« Le capitalisme vit une crise suicidaire pour l’humanité » 
affirmait déjà Michel Rocard en 2007 2.
Cinq ans plus tard, 
rien n’a changé. Ou alors en pire ! Plutôt que de s’attaquer 
aux racines de la crise, plutôt que de changer radicale-
ment un système économique que tous, en 2008, disaient 
vouloir transformer de fond en comble, nos dirigeants ont 
continué la fuite en avant, en remplaçant la « transfusion » 
de dette privée par une transfusion de dette publique 3
Mais jusqu’à quand cette fuite en avant est-elle durable ? 
« La prochaine crise risque d’être plus grave que celle de 
1930 » affirme le Gouverneur de la Banque d’Angleterre 4 
« Il est fort possible que la situation soit pire que ce que 
nous avons connu en 2008 » écrit Olivier Blanchard, chef 
économiste du FMI 5.
Hélas, nos dirigeants semblent to-
talement dépassés  : déjà incapables d’anticiper la crise 
des subprimes, ils sont incapables aujourd’hui de propo-
ser un diagnostic juste de la situation et incapables, du 
coup, d’apporter des solutions concrètes, à la hauteur des 
enjeux. Tout se passe comme si une petite oligarchie inté-
ressée seulement par son avenir à court terme avait pris 
les commandes.
Serons-nous la première génération qui, non seulement 
devrait renoncer au progrès social mais aussi accepter 
sans réagir d’aller vers un « suicide » collectif ? Non. Trois 
fois non. Mille fois NON. Nous voulons choisir la vie. Voilà 
pourquoi, dans la diversité de nos parcours et de nos gé
nérations, nous nous rassemblons aujourd’hui pour agir 
au sein du Collectif Roosevelt 2012.
COMME ROOSEVELT EN 1933
Quand Roosevelt arrive au pouvoir, il succède à Hoover 
dont le surnom était Do Nothing (« Il parle mais ne fait 
rien »). Les Américains sont dans un très grand désarroi : 
« 14 millions de chômeurs, une production industrielle qui 
a diminué de 45 % en trois ans. L’Amérique touche le fond 
de l’abîme… Roosevelt agit immédiatement, avec une dé-
termination qui ranime la confiance. L’activité législative 
est prodigieuse : en 3 mois, Roosevelt fait adopter plus de 
réformes que Hoover en 4 ans 6. Le processus est d’une 
rapidité extraordinaire : certaines lois sont présentées, 
discutées, votées et promulguées dans la même jour-
née. »7 Ce qu’a fait Roosevelt en matière sociale n’était sans doute pas suffisant (sans l’attaque de Pearl 
Harbor et l’économie de guerre, les USA allaient retomber en récession) mais les réformes qu’il a 
mises en œuvre en matière bancaire et fiscale ont bien atteint leurs objectifs.8
 Texte commun adopté par de nombreuses organisations de la société civile à la veille d’un forum 
civique organisé à Grenoble fin janvier 2012.
Le but de Roosevelt n’est pas de « rassurer les marchés 
financiers » mais de les dompter. Les actionnaires sont fu-
rieux et s’opposent de toutes leurs forces à la loi qui sépare 
les banques de dépôt et les banques d’affaires, comme ils 
s’opposent aux taxes sur les plus hauts revenus ou à la 
création d’un impôt fédéral sur les bénéfices mais Roose-
velt tient bon et fait voter 15 réformes fondamentales en 
trois mois. Les catastrophes annoncées par les financiers 
ne se sont pas produites. Et l’économie américaine a très 
bien vécu avec ces règles pendant un demi-siècle 7.
Depuis 1933, le monde a bien changé évidemment. Mais 
les principes appliqués par Roosevelt restent totalement 
modernes  : dire la vérité, parler à l’intelligence des ci-
toyens et agir. AGIR avec force !
OLIGARCHIE FINANCIÈRE OU DÉMOCRATIE SOLIDAIRE ?
« Au prétexte que la démocratie prend trop de temps, alors 
que les marchés financiers votent tous les jours et sont 
organisés autour d’automates qui opèrent des milliers de 
transactions par seconde, c’est à terme l’existence même 
du fait démocratique qui se trouve menacée 8. »
« Les gouvernements sont sommés de s’exécuter ou de 
laisser la place à des « experts » comme on l’a vu déjà en 
Grèce et en Italie. A la place d’un retour nécessaire du 
politique permettant de s’attaquer pour de bon à la ré-
gulation des marchés, on assiste à la mise en œuvre de 
programmes d’austérité qui aggraveront la crise sociale 
et réduiront les moyens de traiter l’enjeu écologique. Le 
résultat, c’est la préparation de situations de chaos éco-
logique et social porteuses de risques de conflagration et 
pains bénis pour les logiques autoritaires de toutes obé-
diences, à l’instar de la crise des années 1930. Comme 
alors, après la démocratie, c’est la paix elle même qui se 
trouvera menacée »
Nous n’acceptons pas que l’oligarchie qui nous a conduits 
à la crise profite de la crise pour renforcer son pouvoir, 
en faisant croire qu’il n’y a pas d’alternative aux politiques 
d’austérité.
Le but de notre collectif est simple  : provoquer un sur-
saut  !  Dire la gravité de la crise et alimenter le débat 
démocratique avec 15 mesures d’urgence que le nouveau 
Président de la République devra mettre en œuvre dès les 
premières semaines, après son arrivée au pouvoir en mai 
prochain.
TOUS ACTEURS, TOUS RESPONSABLES
Si l’on avait attendu un accord entre diplomates, le mur de 
Berlin serait encore debout. En 1989, ce sont des citoyens 
qui se sont levés et qui ont fait tomber un système poli-
tique qui niait la dignité de l’Homme. 
« Chacun de nous peut changer le monde. Même s’il n’a 
aucun pouvoir, même s’il n’a pas la moindre importance, 
chacun de nous peut changer le monde » écrivait Vaclav 
Havel quelques semaines après la chute du Mur.
En 1989, ce sont des femmes et des hommes « sans la 
moindre importance » qui ont changé le cours de l’Histoire. 
Vingt ans plus tard, le système néolibéral s’effondre à son 
tour. C’est à nous, les citoyens, de dire dans quelle société 
nous voulons vivre. Société d’injustice et de chaos ou so-
ciété de d’équilibre et de convivialité ? A nous de choisir. 
A nous d’agir.
Si vous partagez notre envie de provoquer un sursaut, si-
gnez et faites signer les 15 propositions sur
www.Roosevelt2012.fr  (...)
– 1 
Le chemin de l’espérance. Fayard octobre 2011
– 2
 Le Parisien 25 août 2007
– 3
 L’image est de Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie.
– 4
 Mervyn King, Sky News, 6 octobre 2011
– 5
 Blog du FMI le 21 décembre 2011
– 6
 René Rémond, Histoire des Etats-Unis PUF.
