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Paris s’éveille
Rwanda : des révélations qui n’intéressent personne !
Article mis en ligne le 28 janvier 2013

Un document publié par Le Parisien jeudi dernier révèle que Paul Barril s’était engagé à fournir 1000 hommes au gouvernement génocidaire rwandais, pendant le génocide

De jeudi à lundi, quatre jours pleins auront passé sans que la presse s’avise du document explosif publié le 24 janvier par Le Parisien, en fac similé, une lettre, adressée au capitaine Paul Barril, le 27 avril 1994, vingt jours après le début du génocide des Tutsi du Rwanda, par le ministre de la défense du gouvernement intérimaire formé pour mettre en œuvre le génocide. Est « confirmé » là « l’accord » du ministre « pour recruter, pour le gouvernement rwandais, 1000 hommes devant combattre aux côtés des Forces Armées Rwandaises » – pendant le génocide.

Ce document a été trouvé cet été, parmi d’autres, lors de perquisitions entreprises par le juge Trévidic dans les différents domiciles de Paul Barril. Comme la « source judiciaire » l’explique à Elisabeth Fleury, du Parisien, « Barril, à cette époque, c’est la France ».

Lors d’un colloque sur le négationnisme, qui tombait à point nommé, ce dimanche, à Paris, intervenait Patrick de Saint-Exupéry. Ancien grand reporter au Figaro, il est actuellement directeur de la revue XXI, après avoir été l’auteur en 1998 d’une série d’articles qui ont provoqué l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le rôle de la France au Rwanda. On lui doit aussi, en 2004, un des ouvrages les plus éclairants sur la question, L’Inavouable, paru aux éditions des Arènes, dont la réédition, sous le titre Complices de l’inavouable – sur la couverture de laquelle figurent les noms de responsables politiques et militaires –, est l’objet de poursuites de la part d’officiers supérieurs français qui sont intervenus au Rwanda. (...)

Ni les radios ou les télés, ni les quotidiens… Ni Le Monde, ni Libération, ni le Figaro, n’auront daigné informer leurs lecteurs de cette « fuite » judiciaire sous forme d’un document « accablant », ainsi que titre justement le Parisien. Si « accablant », qu’« accablés » les journalistes auront préféré se taire...

Que signifie ce document ? Il est étonnamment explicite. Tout aussi étonnant, le fait que Paul Barril ait pris soin de conserver une preuve de sa participation directe à un crime imprescriptible.

Ainsi que le relève Jean-François Dupaquier, sur le site Afrikarabia, ce n’est pas le seul document de cette nature. On avait déjà connaissance, depuis le rapport de Human rights watch, Aucun témoin ne doit survivre, de « l’opération insecticide », pour laquelle Paul Barril avait signé un autre contrat avec les autorités génocidaires rwandaises. Dupaquier produit un autre document [voir ci-après], retrouvé lui dans les archives du gouvernement rwandais, en date du 28 mai 1994, un autre contrat de mercenariat, portant cette fois sur une vingtaine d’hommes « spécialisés ».

On ne disposerait donc de rien de moins que trois contrats certifiant que Paul Barril a participé de près à l’effort de guerre de ce gouvernement qui pratiquait la guerre totale contre une partie de la population – et qui fera un bon million de morts, pour la plupart massacrés dans des conditions effroyables.