
Construction de l’homophobie comme problème des banlieues françaises
De 2004 à 2008, un groupe de personnes au sein de SOS homophobie était chargé de s’occuper des questions liées aux « banlieues ». Ce groupe a donné lieu à la publication consécutive de deux chapitres sur le sujet dans les rapports annuels de 2005 et 2006 [1]. Ces chapitres aboutissent à la même conclusion que le livre de Franck Chaumont. Ils dénoncent une homophobie spécifique aux « banlieues », plus grave, plus violente, portée par des « jeunes de banlieues » en se basant sur les mêmes statistiques que celles mobilisées par l’auteur de Homo-ghetto. (...)
SOS homophobie est une association qui entretient des liens spécifiques avec les autorités publiques, les administrations et les médias. Si elle se tient à la disposition de personnes en difficultés à travers la ligne d’écoute anonyme, c’est également à ces structures-là que sont destinées ses productions. Le fonctionnement de ces dernières aura donc toutes les chances de peser sur le registre de discours de l’association. (...)
Les membres de SOS homophobie sont dans une certaine mesure conscient-es des limites des statistiques produites par leur association. Dans certains cas, comme chez Paul, cet aveu de faiblesse est associé à une certaine réflexivité quant à la composition sociologique des membres de l’association et des risques d’ethnocentrisme dans la volonté d’étudier « l’homophobie en banlieue ». Ces doutes s’arrêtent cependant à la table d’entretien, et ne transparaîtront jamais dans l’utilisation médiatique et politique des chiffres et des rapports annuels de l’association. Ces remises en question contrastent sensiblement avec la manière dont SOS homophobie est mobilisée dans les médias.
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