
Il y a 4 ans nous appelions à en finir avec le carcan du DSM et à son boycott. Nos critiques concernaient l’hégémonie de ce système unique, l’illusion de scientificité sur laquelle il repose, les scandaleux conflits d’intérêts, la régression de la pensée et l’appauvrissement de la clinique qu’il génère, sur fond de croyances et de préjugés moraux débouchant sur une nouvelle normativité sociale et comportementale qui touche tout le monde et spécialement les enfants. Aujourd’hui si le DSM, un an après la publication de sa version 5, n’est pas mort, son projet de réduire la psychiatrie à une langue universelle standardisée et formatée est caduc et de nombreuses critiques argumentées s’ajoutent aux nôtres de toute part dans le monde, provenant :
– des usagers de la psychiatrie, qui constatent les limites et dangers de son emprise et interrogent le service rendu par les pratiques qui s’y réfèrent en santé mentale
– des responsables politiques qui s’intéressent aux politiques de santé publique et à leurs coûts
– des chercheurs et par les étudiants qui questionnent sa validité clinique et sa scientificité
– Enfin, le DSM est jugé inadéquat par les tenants de la neurologie des fonctionnements mentaux tel le NIMH qui ne souhaite plus s’y référer.
A l’heure où le DSM 5 va être publié en français, le temps est venu de prendre acte de l’échec des paradigmes réductionnistes neurobiologiques et scientistes du DSM et de réfléchir ensemble à une psychiatrie débarrassée du système DSM, d’échanger de façon ouverte sur la psychiatrie POST DSM et d’élargir le débat :
De quelle(s) classification(s) avons-nous besoin, et pour quelles pratiques de la psychiatrie ? Quelles alternatives (CFTMEA, CFTMA) ?
– pour la recherche, l’épidémiologie, la santé publique
– pour s’orienter dans la clinique
– pour enseigner ce qui relève de la souffrance psychique
Quelle psychiatrie, prennant en compte le sujet, en relation avec son histoire et dans son contexte environnemental ?
Quel bénéfice, quelle amélioration réelle de leur état les patients peuvent-ils attendre des pratiques en santé mentale ? Quelle place, quels droits dans le champ social pour les personnes accompagnées et soignées en psychiatrie et en pédopsychiatrie ?
Quelles représentations de la souffrance psychique dans le discours social ambiant ? (...)