
Le National Health Service (NHS) britannique est à genoux après des décennies d’austérité. Le gouvernement britannique sous-finance délibérément le système, ce qui soulève la question de savoir si le système de santé publique peut survivre encore longtemps.
Nous vivons sous un gouvernement profondément cruel et motivé par l’idéologie. Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, le programme d’austérité des conservateurs a causé plus de 330 000 décès, et la mauvaise gestion de la pandémie a entraîné 200 000 décès supplémentaires, dont beaucoup auraient pu être évités. Actuellement, on estime que 500 personnes meurent chaque semaine à cause de retards dans les soins d’urgence, tandis que d’innombrables autres meurent sur les listes d’attente du Service national de santé (NHS).
Le coût humain de la mauvaise gestion du NHS par le gouvernement est difficile à exagérer, mais il résulte d’une politique intentionnelle visant à sous-financer les soins de santé et à permettre aux intérêts privés d’extraire de l’argent du système.
Le Royaume-Uni dépense aujourd’hui environ un cinquième de moins en soins de santé que ses voisins européens, soit un écart de plus de 40 milliards de livres Sterling par an. En fait, l’une des premières mesures du gouvernement Cameron a été de réduire les coûts en interrompant l’expansion de la formation des médecins dans les écoles de médecine et en supprimant 4 000 places de formation pour les infirmières. Les salaires des travailleurs du NHS ont été la cible suivante, ce qui a entraîné plus d’une décennie d’augmentations salariales inférieures à l’inflation, provoquant la chute des salaires réels du personnel (...)
Nous payons aujourd’hui le prix de ces décisions. Le NHS compte 133 000 postes vacants, dont 50 000 infirmières et 17 000 médecins, y compris les généralistes. Des années de sous-financement ont entraîné une pénurie mortelle de lits d’hôpitaux, des cabinets de médecins généralistes et des centres de santé en état de délabrement, des bâtiments hospitaliers qui s’écroulent littéralement et une main-d’œuvre épuisée et frustrée. Au cours de mes années de pratique, je n’ai jamais vu le moral du personnel aussi bas.
Pendant ce temps, l’argent qui devrait être consacré à l’amélioration des services est détourné par des entreprises privées (...)
En conséquence, les entreprises privées pratiquent aujourd’hui plus d’arthroplasties de la hanche pour le compte du NHS que ce dernier n’en pratique. Le financement de ces opérations provient du NHS, mais les entreprises privées s’en taillent une part.
D’année en année, de plus en plus de services sont confiés aux entreprises privées, notamment l’imagerie, la pharmacie, la collecte de données et les services informatiques. Certains de ces contrats portent sur des sommes astronomiques (...)
L’élément « public » de nos services publics est en train de s’éroder.
Il est déjà assez grave qu’un nombre croissant de services du NHS soient confiés au secteur privé, mais il est tout aussi préoccupant de constater que des soins de santé publique de qualité inférieure poussent les patients vers des soins de santé privatisés (...)
ce qui normalise un service de santé à deux vitesses et dévalorise le NHS.
Le système britannique d’aide sociale aux adultes est un exemple édifiant de ce à quoi pourrait ressembler un système entièrement privatisé. Souvent détenus par des fonds spéculatifs basés dans des paradis fiscaux, les prestataires privés prélèvent entre 20 et 40 % de leur budget en bénéfices, négligeant les personnes dont ils s’occupent et sous-payant le personnel. (...)
Outre l’argent gaspillé et retiré du système sous forme de bénéfices, les soins de santé fournis par le secteur privé sont moins efficaces. Des recherches menées à Oxford ont révélé un lien entre l’externalisation des services et l’augmentation du taux de mortalité.
L’état dans lequel se trouve notre système national de santé et la trajectoire qu’il suit sont préoccupants, mais l’optimisme reste de mise. La plupart des Britanniques souhaitent un NHS correctement financé et appartenant à l’État, et seulement un sur dix est favorable à un service entièrement ou essentiellement privé. La grande majorité des électeurs, y compris 73 % des électeurs conservateurs, accusent à juste titre le gouvernement d’être responsable de la crise actuelle.
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