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« Savoir dire non » - Interview : La fin du courage par Cynthia Fleury
Magazine Next n° 25 avril 2010 - Interview de Cécile Daumas
Article mis en ligne le 7 avril 2010
dernière modification le 6 avril 2010

A-t-on oublié ce qu’est le courage ? Sommes nous installés dans la soumission ? Avec La Fin du courage, son dernier ouvrage, la jeune philosophe dénonce les faux « parler-vrai » des hommes politiques et le renoncement généralisé. Mais tout n’est pas perdu. Entretien (extraits) ...

A leur travail ou dans leur vie quotidienne, de plus en plus d’individus désavouent ce qu’ils font mais continuent à le faire. Pourquoi ne se révoltent-ils pas ? Pourquoi une telle soumission à un non ordre des choses ? La peur est telle qu’ils en oublient d’avoir recours au courage. On a cru que l’individualisme était un processus de non-contrainte, de liberté absolue. L’individu se focalise sur ses propres intérêts, délaissant l’engagement public. Livré à cette quête narcissique, il est, en fait, fortement fragilisé, rendu vulnérable par ce processus d’individualisation qui le coupe des formes collectives de défense.

... Nous sommes les passagers clandestins de l’absence de morale. En se faufilant, l’individu pense sauver sa peau. Il fabrique sa propre érosion et sombre dans la dépression. L’érosion de soi vient de la somme de ces démissions quotidiennes. Jamais le malaise individuel n’a été à ce point lié à une déstructuration de la société. L’homme et plus largement la société, meurent par manque de courage. Et comble du paradoxe, cet individu acculé à une mise en disposition de soi-même n’en est que plus invisible.

...Des salariés pourtant s’opposent. Dans l’Education nationale ou ailleurs, des « désobéissants » se font entendre.

...il n’y a d’éthique du courage que seul. Que si nous sommes prêts à faire ce geste sacrificiel qui consiste à savoir ce que l’on peut perdre sans connaître ce qu’on peut gagner. Et, en même temps, seule l’éthique collective du courage est durable et peut nous permettre de résister.

... Pour être réellement courageux, il faut avoir éprouvé la peur et trouver en soi la force de la surmonter....

...Faire preuve de courage, c’est instaurer un rendez-vous radical avec ses principes et soi-même. ...

...En déléguant nos intérêts aux automatismes de la démocratie, nous sommes entrés dans un système dégénérescent. Il ne suffit pas d’alimenter la machine démocratique, en allant voter par exemple, il faut aussi ranimer son âme et son esprit. Le courage pourrait être le pilier de cette régulation.