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Scoop : « La maternité, ce n’est pas que du bonheur »
#femmes #maternite
Article mis en ligne le 11 juin 2023

Journaliste fondatrice du site Milf média et autrice de Daronne et féministe (Solar, 2022), Fabienne Lacoude décortique les injonctions sociales qui pèsent sur les mères. Alors, toutes mauvaises ?

D’après toi, à quoi renvoie l’idée de « mauvaise mère » ?

« Les mauvaises mères sont une figure repoussoir pour toutes les autres femmes : c’est parce qu’elles sont mauvaises que nous sommes bonnes. Mais à bien y regarder, il ne faut pas grand-chose pour être perçue comme une mauvaise mère. Il suffit de sortir de la norme. Et même lorsqu’on y adhère, nous sommes facilement jugées trop ceci ou pas assez cela. Au fond, donc, nous sommes toutes des mauvaises mères en puissance. Comme aurait dit Freud à une patiente qui lui demandait conseil pour élever ses enfants : “Madame, quoi que vous fassiez, vous ferez mal.”

Aujourd’hui, certaines se revendiquent “mauvaise mère”, dans une idée de retournement du stigmate. Je considère cet acte comme féministe, car il consiste à se placer du côté de celles qui sont jugées, stigmatisées, mises au ban, ainsi que de tous les parents qui construisent leur famille hors des normes traditionnelles. »

Est-ce que la remise en question du concept d’instinct maternel ne serait pas un premier pas pour réhabiliter les « mauvaises mères » ?

« Pour ma part, je ne crois pas à l’instinct maternel en tant que capacité innée des femmes à s’occuper de leur bébé. Il est vrai que la grossesse, l’accouchement, l’allaitement, la proximité physique avec l’enfant libèrent des hormones favorables à l’attachement. Mais je dirais plutôt que plus on passe de temps avec un bébé, mieux on sait s’en occuper. C’est une question d’expérience plus que d’instinct. Le problème, c’est que cette notion a été instrumentalisée afin de suggérer que les femmes sont naturellement aptes à s’occuper des autres. Ce qui dépasse d’ailleurs leur rôle de mère et conduit, notamment, à une hyper-concentration des femmes dans les métiers du care, méprisés et très mal payés. »

(...)