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Se soucier des pauvres du monde
Article mis en ligne le 29 mars 2013
dernière modification le 25 mars 2013

Dans un livre passionnant, Alain Renaut jette les bases d’une théorie de la justice globale. Lecture rigoureusement indispensable.

L’indignité ne concerne pas seulement la question des inégalités à l’intérieur d’une société nationale, mais celle, tout aussi intolérable, entre nations riches et nations pauvres. Quelles raisons pourraient, en effet, s’opposer à ce que la justice s’étende à l’humanité tout entière, "les hasards de la géographie, du lieu de naissance, n’étant pas plus pertinents que ceux de la classe sociale d’origine pour justifier des inégalités de perspectives et de développement de soi" ? Comment pourrions-nous accepter que les 500 personnes les plus riches gagnent à peu près autant que les 500 millions les plus pauvres ? Comment justifier que 830 millions de personnes souffrent régulièrement de malnutrition (chiffres PNUD 2006), que 1,1 milliard d’habitants de notre planète n’aient pas accès à l’eau potable, et 2,6 milliards à des soins élémentaires ? L’extrême dénuement a atteint de telles dimensions qu’il est irréaliste d’espérer que la logique du marché parvienne à résorber la pauvreté globale. (...)

c’est à poser les bases d’une théorie systématique de la justice globale que s’emploie Alain Renaut dans un ouvrage d’une très grande portée théorique, écrit dans le style, à la fois, élégant et sobre qu’on lui connaît. La discussion, aussi minutieuse qu’attentive à l’argumentation de l’interlocuteur (on notera la réfutation serrée des analyses de Serge Latouche, auteur idéal-typique de l’anti-développementisme, réfutation qui nous offre des pages éclairantes consacrées à l’archéologie de la critique de l’universalisme et à une défense de la valeur de la liberté ), s’attache principalement à la présentation des enjeux de l’opposition entre le ressourcisme et l’approche par les capabilités et, surtout, à défendre une solution convaincante à ce que l’auteur nomme opportunément l’antinomie de la justice globale. (...)


le bien-être, entendu de façon multidimensionnelle (incluant la vie et les conditions de la vie, tout à la fois l’être-bien et les conditions d’une vie proprement humaine), constitue le médium à travers lequel communiquent toutes les facettes du développement que les nouvelles mesures des inéquités globales aident à cerner et à apprécier
. Il serait indispensable aussi d’énumérer à nouveau et d’articuler un certain nombre de dimensions du bien-être qui seraient mieux à même de faire apparaître le degré de réalisation, dans chaque pays, des conditions d’un monde juste que ne le permettent les seules considérations du revenu, de l’espérance de vie et de l’accès à une éducation minimalisée" . On ne saurait mieux dire