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Shâyân, en Bosnie : "C’est horrible d’être mis à l’écart dans des conteneurs. Il faudrait tous nous tester au Covid-19 !"
Article mis en ligne le 18 juin 2020
dernière modification le 17 juin 2020

InfoMigrants s’est entretenu avec Shâyân*, un migrant iranien qui vit dans un camp près de Bihac avec sa famille. Alors que le reste du pays est déconfiné, son camp est toujours placé en quarantaine, car un médecin qui s’y rend a contracté le coronavirus. Le confinement l’empêche de tenter la traversée vers la Croatie.

“Cela fait trois mois que nous sommes en quarantaine dans le camp de l’hôtel Sedra à Cazin. C’était un ancien hôtel pour touristes et c’est devenu un camp géré par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour les familles et les mineurs isolés.

Je vis dans une chambre au troisième étage du bâtiment principal avec ma femme, mon fils de 17 ans et ma fille de 10 ans. On a de la chance, car d’autres doivent partager leur chambre avec plusieurs familles. Par contre, on n’utilise pas la douche de l’étage qui est très sale, on préfère faire chauffer de l’eau et se laver à la bassine dans la chambre.

InfoMigrants s’est entretenu avec Shâyân*, un migrant iranien qui vit dans un camp près de Bihac avec sa famille. Alors que le reste du pays est déconfiné, son camp est toujours placé en quarantaine, car un médecin qui s’y rend a contracté le coronavirus. Le confinement l’empêche de tenter la traversée vers la Croatie.

“Cela fait trois mois que nous sommes en quarantaine dans le camp de l’hôtel Sedra à Cazin. C’était un ancien hôtel pour touristes et c’est devenu un camp géré par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour les familles et les mineurs isolés.

Je vis dans une chambre au troisième étage du bâtiment principal avec ma femme, mon fils de 17 ans et ma fille de 10 ans. On a de la chance, car d’autres doivent partager leur chambre avec plusieurs familles. Par contre, on n’utilise pas la douche de l’étage qui est très sale, on préfère faire chauffer de l’eau et se laver à la bassine dans la chambre. (...)

nous n’y sommes pour rien dans la propagation de cette maladie. La semaine dernière, c’est quelqu’un de l’extérieur qui a apporté le coronavirus ici. Nous avons appris qu’un médecin qui vient régulièrement dans le camp était malade. Depuis, plusieurs personnes à qui il avait rendu une visite médicale ont été mis à l’écart dans des conteneurs pour 14 jours. (...)

Je n’ai pas le choix, dès la levée de la quarantaine, si la météo le permet, je serai obligé de retenter le ’game’. J’ai perdu tellement d’argent : 23 000 euros qui se sont envolés avec les prises de la police croate, le financement du ’game’ et la vie quotidienne en Bosnie depuis deux ans.

Si j’ai quitté l’Iran en 2017, c’est d’abord pour mes enfants. Pour ma fille plus précisément. Ma femme est issue d’une tribu arabe de Khorramshahr (frontière avec l’Irak), nous nous sommes rencontrés à Téhéran car sa famille avait fui le sud pendant la guerre avec l’Irak. Nous sommes tombés amoureux et nous nous sommes mariés en douce, car elle était promise à un cousin comme il est de tradition dans sa communauté. Nous avons eu deux enfants ensemble et le temps passant sa famille semblait avoir accepté. Mais depuis la naissance de ma fille, ils insistent pour la marier à un membre de leur tribu.

Plus ma fille grandi, plus ils sont menaçants et je ne fais pas confiance à l’État iranien pour nous protéger de ce malheur. Ils risquaient d’enlever ma fille, c’est pour cette raison que nous sommes partis le plus loin possible. Aujourd’hui, je voudrais juste trouver un lieu où je puisse travailler pour subvenir aux besoins de ma famille.Je n’ai pas le choix, dès la levée de la quarantaine, si la météo le permet, je serai obligé de retenter le ’game’. J’ai perdu tellement d’argent : 23 000 euros qui se sont envolés avec les prises de la police croate, le financement du ’game’ et la vie quotidienne en Bosnie depuis deux ans.
(...)

Nous avions une bonne situation à Téhéran, où j’avais une société qui proposait des services en lien avec le fret maritime. Je suis ingénieur spécialisé dans le transport maritime. Mon entreprise s’occupait de réserver des conteneurs sur les cargos pour l’import-export et les transports de colis pour les particuliers.

Ces conteneurs dans lesquels on nous entasse ici dans les camps, ils me rappellent ceux qu’on utilisait sur les cargos pour des marchandises. Je crois que c’est aussi pour ça que je les ai particulièrement en horreur et que je veux quitter Bihac le plus vite possible."