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Silence, on entasse !
Article mis en ligne le 29 juillet 2011

Dans une indifférence quasi-générale, que « les vacances » ne suffisent pas à expliquer, l’Etat vient d’être condamné à trois reprises en quelques semaines par la justice administrative en raison des conditions d’existence qui ont cours dans ses prisons. Des personnes détenues dans les maisons d’arrêt de Nanterre, Bois-d’Arcy, Rouen et Marseille ont ainsi obtenu réparation d’atteintes à leur dignité : cellules trop exiguës, toilettes non cloisonnées, absence de ventilation, mauvaise hygiène des locaux, impossibilité de circuler pour les détenus handicapés...

Selon une étude publiée par Pierre V. Tournier, directeur de recherches au CNRS, l’accroissement de la population sous écrou est particulièrement net depuis le début de l’année (+ 7,4 % entre le 1er janvier et le 1er avril) et s’explique, non par un allongement du temps moyen passé sous écrou, mais par une augmentation des entrées sous écrou, avec en particulier une forte hausse des mises à exécution des peines d’emprisonnement de un an à moins de trois ans (+ 50 %) [2]. Le chercheur rapproche cette évolution de l’affaire dite « de Pornic » survenue en janvier et de « son traitement médiatique, politique et judiciaire » qui « a pu favoriser le recours à la détention »(...)

tous les procureurs ont reçu du garde des Sceaux, le 15 février, une circulaire d’application « immédiate » leur enjoignant, notamment, de faire exécuter plus rapidement les peines d’emprisonnement. Les plus zélés d’entre eux se sont ainsi sentis autorisés à mettre en échec des projets d’aménagement de peine, pourtant utiles à la société, en adoptant soudain une lecture tatillonne voire abusive de certains textes de procédure.

Plus généralement, la situation catastrophique des prisons françaises n’est sans doute pas sans lien avec les pratiques et les discours caricaturaux qui tiennent lieu de philosophie pénale au pouvoir actuel (...)

 : la dénonciation récurrente (et mensongère) du « laxisme des juges », les multiples lois banalisant l’emprisonnement (notamment celle sur les « peines-planchers »), la pression statistique qui s’exerce toujours plus sur les parquets au mépris de la réalité des situations, la suppression des grâces collectives du 14 juillet, les préconisations ineptes du rapport Ciotti... Autant d’indices d’un projet politique qui vise à achever la transformation de la justice pénale en machine à enfermer aveuglément.

Pour quels effets sur la délinquance ? Pas fameux(...)

Entre le 1er juin et le 1er octobre 1981, sous l’impulsion du garde des Sceaux Robert Badinter, la population carcérale avait baissé d’environ 40 %. Avec 29 000 détenus, le pays avait-il alors sombré dans le chaos ? Voilà qui pourrait faire réfléchir et réagir les candidats à la prochaine élection présidentielle...(...) Wikio