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Le Monde
Soldes : « On peut passer de la mode jetable à un système plus durable »
Article mis en ligne le 14 janvier 2018

Alors que les soldes débutent mercredi, Erwan Autret, ingénieur de l’Ademe, revient sur l’impact dévastateur de l’industrie de la mode sur l’environnement.

Quelque 130 milliards de pièces de vêtements sont produites chaque année dans le monde. Une production massive au coût écologique faramineux : le textile est aujourd’hui la deuxième industrie la plus polluante dans le monde, après le pétrole.

Alors que les soldes d’hiver débutent mercredi 10 janvier, Erwan Autret, ingénieur de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) chargé du suivi de la filière textile, constate que le système fonctionne encore sur le modèle de la mode jetable, mais observe des avancées. (...)

Erwan Autret : On relève trois impacts principaux : sur les émissions de gaz à effet de serre, sur la consommation d’eau, et sur son eutrophisation, c’est-à-dire le changement de composition chimique de l’eau à cause des polluants qui y sont déversés.

Concernant la consommation d’eau, on sait qu’il faut 2 700 litres pour fabriquer un tee-shirt, soit ce que consomme un individu en trois ans. Pour un jean, entre 7 000 et 11 000 litres d’eau sont nécessaires, l’équivalent de 285 douches.

L’Ademe travaille depuis deux ans avec sept entreprises volontaires, dont Decathlon et Okaïdi, pour évaluer plus précisément ces trois impacts sur l’environnement. L’analyse des données à l’échelle de chaque produit est en cours. On aura tous les résultats d’ici à mi-2018.

L’objectif de cette démarche est de permettre aux entreprises de se doter d’un affichage environnemental. Les consommateurs le verront sur les étiquettes au cours du premier semestre 2018.

On milite également pour que cette méthode d’évaluation de l’impact sur l’environnement, que seule la France expérimente de manière exhaustive, soit reconnue à l’échelle européenne. (...)

On est encore sur le modèle : « Je vends plus, et le consommateur jette plus. »

On constate également, à travers la filière de récupération, une baisse de qualité des textiles par rapport à ceux d’il y a quinze ou vingt ans. (...)

Il existe dix labels différents pour le textile. Comment s’y retrouver ?

Pour le consommateur, c’est la jungle. Mais il n’y a qu’un seul label valable, c’est l’« écolabel européen ». C’est LA référence et le label le plus fiable de tous, car il rassemble un grand nombre de critères environnementaux, et évalue chaque phase de vie du produit, de sa création à sa fin. Les autres sont souvent des autodéclarations des entreprises elles-mêmes.

Les attentes des consommateurs ont-elles évolué ?

Oui. Aujourd’hui ils manifestent une réelle préoccupation sur l’aspect éthique des vêtements. Mais cela ne se traduit pas encore dans leurs actes d’achat. Le prix reste le critère numéro un. On reste soumis à la fast fashion (vêtements achetés à bas prix et jetés rapidement), et des achats impulsifs. Cette logique n’est toutefois pas propre à la mode, elle est aussi à l’œuvre pour tout ce qui est alimentaire et produits détergents. (...)

Comment les consommateurs peuvent agir
A leur échelle, les consommateurs peuvent agir pour réduire l’impact de la mode sur l’environnement. D’abord, « en s’informant », souligne Erwan Autret, ingénieur à l’Ademe, qui conseille de consulter le site officiel La Fibre du tri. « A chacun ensuite d’effectuer ses actes d’achat en toute conscience. Le consommateur a une forte responsabilité », souligne-t-il.

L’entretien des vêtements a, lui aussi, un impact important. « La phase de lavage, le séchage, le repassage et la réparation ont des conséquences réelles », à la fois sur la consommation d’énergie et d’eau, mais aussi sur la composition de l’eau, où sont larguées des particules avec les produits détergents. « Il ne faut laver les vêtements que quand c’est nécessaire », rappelle-t-il.

Voir le site : le Défi : Rien de neuf